BFMTV
Europe

Géorgie: nouvelle peine pour l'ex-président Mikheïl Saakachvili, qui devra purger 12 ans et demi de prison

L'ex-président géorgien Mikheïl Saakachvili lors d'une conférence de presse à Kiev, en Ukraine, le 19 mars 2021

L'ex-président géorgien Mikheïl Saakachvili lors d'une conférence de presse à Kiev, en Ukraine, le 19 mars 2021 - Sergei SUPINSKY

L'ancien président géorgien Mikheïl Saakachvili est incarcéré depuis 2021, après avoir été condamné une première fois pour abus de pouvoir, puis pour détournements de fonds et enfin pour avoir franchi la frontière de son pays illégalement.

Un tribunal géorgien a condamné ce lundi 17 mars à quatre ans et demi de prison l'opposant et ex-président géorgien Mikheïl Saakachvili, incarcéré depuis 2021, en portant ainsi sa peine totale cumulée à 12 ans et demi de détention.

Mikheïl Saakachvili, 57 ans, est déjà incarcéré depuis son arrestation en Géorgie en 2021, à son retour d'un exil qu'il avait notamment passé en Ukraine, pays dont il a obtenu la nationalité et où il a occupé des fonctions officielles.

À la tête de la Géorgie entre 2004 et 2013, Mikheïl Saakachvili avait déjà été condamné en 2018 par contumace à six ans de prison pour abus de pouvoir et la semaine dernière, il a écopé de neuf ans de réclusion pour détournement de fonds.

Dans une troisième condamnation ce lundi, l'ancien dirigeant "a été condamné à quatre ans et six mois de prison pour avoir illégalement franchi la frontière de la Géorgie" en 2021, a déclaré à l'Agence France-presse (AFP) son défenseur Dito Sadzaglichvili.

Hospitalisé en raison d'une grève de la faim

Compte tenu de ses condamnations précédentes prononcées en Géorgie, "Mikheïl Saakachvili devra purger au total 12 ans et demi de prison", a précisé le juge Mikheïl Djindjolia.

L'ex-président géorgien et des ONG de défense des droits humains dénoncent toutes les poursuites le visant comme politiquement motivées.

Incarcéré en 2021, Mikheïl Saakachvili est hospitalisé à Tbilissi depuis 2022, après avoir observé une grève de la faim pendant 50 jours.

Zelensky demande qu'il soit transféré en Ukraine

Le Parlement européen a appelé à sa libération immédiate et le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réclamé que Mikheïl Saakachvili soit transféré à Kiev.

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe le qualifie de "prisonnier politique", alors que l'ONG Amnesty International dit voir dans les poursuites à son encontre "une vengeance politique apparente".

Mikheïl Saakachvili, qui a étudié aux États-Unis et en France et parle couramment cinq langues, avait été porté au pouvoir par la Révolution des Roses en 2003, qui avait évincé pacifiquement les vieilles élites héritées de la période soviétique.

Entre lutte contre la corruption et penchant autoritaire

Lors de sa présidence, Mikheïl Saakachvili a mené une croisade contre la corruption, a réformé une police touchée notoirement par ce fléau, emprisonné des chefs criminels et reconstruit des infrastructures en ruines.

Mais de nombreuses voix critiques ont dénoncé sous sa présidence des atteintes aux libertés et un penchant autoritaire, citant notamment la violente répression de manifestations antigouvernementales.

Malgré sa détention, il reste une figure de l'opposition au gouvernement actuel du parti du Rêve géorgien, accusé de dérive autoritaire et de vouloir se rapprocher de Moscou.

Une "punition cynique", selon lui

Réagissant au jugement prononcé ce lundi, Mikheïl Saakachvili a accusé les autorités géorgiennes "prorusses" de le "punir de manière cynique" pour avoir "refusé de céder la Géorgie" lors d'une guerre-éclair qui avait vu l'armée russe entrer en territoire géorgien en 2008.

Alors que la Russie mène depuis trois ans une offensive contre l'Ukraine, Mikheïl Saakachvili est apparu dans une vidéo publiée sur Facebook en T-Shirt portant l'inscription "Je suis Ukrainien".

Selon lui, sa condamnation est "un signal de Moscou à Zelensky qu'il partagera le même sort, s'il ne cède pas l'Ukraine".

Son parti Mouvement national uni (MNU) a accusé les tribunaux géorgiens d'"exécuter les ordres du régime qui se sert de la justice pour faire taire ses opposants". Plusieurs responsables du gouvernement de Mikheïl Saakachvili ont été emprisonnés en Géorgie depuis son départ du pouvoir, une campagne dénoncée par des ONG de la défense des droits humains comme une "chasse aux sorcières" politique.

J.D. avec AFP