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Bruxelles veut une Pac plus "verte", les agriculteurs méfiants

A Blécourt, dans le nord de la France. La nouvelle Politique agricole commune présentée jeudi par la Commission européenne lie le versement de subventions publiques à des efforts de protection de l'environnement de la part des agriculteurs, qui y voient u

A Blécourt, dans le nord de la France. La nouvelle Politique agricole commune présentée jeudi par la Commission européenne lie le versement de subventions publiques à des efforts de protection de l'environnement de la part des agriculteurs, qui y voient u - -

par Julien Toyer BRUXELLES (Reuters) - La nouvelle Politique agricole commune présentée jeudi par la Commission européenne lie le versement de...

par Julien Toyer

BRUXELLES (Reuters) - La nouvelle Politique agricole commune présentée jeudi par la Commission européenne lie le versement de subventions publiques à des efforts de protection de l'environnement de la part des agriculteurs, qui y voient une menace pour la viabilité de leur activité.

Très attendue, la proposition de l'exécutif communautaire en vue de réformer la Pac après 2013 ne dit rien en revanche sur la question du budget qui sera consacré à cette politique. Il représente à l'heure actuelle plus de 55 milliards d'euros par an et près de 40% du budget communautaire.

"L'agriculture européenne ne doit pas seulement être compétitive sur le plan économique mais également sur le plan environnemental", explique dans un communiqué le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos.

L'une des autres propositions phares de la Commission consiste à limiter le volume des aides directes versées aux agriculteurs, afin de dégager de nouvelles ressources et de répondre aux critiques selon lesquelles la Pac bénéficie principalement à l'agriculture industrielle.

Les services de la Commission estiment par ailleurs que les aides reçues par les nouveaux Etats membres de l'UE devraient être progressivement réalignées sur celles touchées par les membres "historiques" de l'UE.

Celles-ci varient à l'heure actuelle de 500 euros par hectare en Grèce à 100 euros par hectare en Lettonie.

Enfin, le document consacre une idée défendue par la France à laquelle se sont ralliés une majorité des Vingt-sept de conserver des instruments de gestion des marchés afin de disposer d'un "filet de sécurité" face à la volatilité des prix.

Les gouvernements européens auront l'occasion de se prononcer sur ces pistes de réformes le 29 novembre à l'occasion d'une réunion des ministres européens de l'Agriculture, mais aucune position finale ne devrait être arrêtée dans les 27 capitales avant début 2011.

La Commission envisage quant à elle de présenter une proposition législative d'ici mi-2011.

RÉACTIONS MITIGÉES

Les réactions à la communication de l'exécutif communautaire ont été mitigées.

Les syndicats agricoles ont estimé que ce recentrage vers les objectifs environnementaux pourrait mettre en péril la production alimentaire européenne en faisant bondir les coûts de production des agriculteurs.

"La volatilité des prix augmente et le changement climatique remet en question notre habilité à répondre aux besoins alimentaires mondiaux. Pourtant, la seule proposition concrète de la Commission est d'ajouter un nouveau fardeau en terme de coûts à celui déjà supporté par les agriculteurs", a regretté Padraig Walshe, président du syndicat européen Copa.

Dans la mesure où les syndicats d'agriculteurs ont l'oreille de leur ministre de tutelle dans beaucoup de pays européens, cette réaction négative laisse entrevoir des difficultés à venir pour la Commission sur cette réforme.

Le Parlement européen, qui co-décidera avec les Etats membres sur cette réforme, a cependant fait une évaluation plus positive de la communication.

L'eurodéputé libéral écossais George Lyon a souligné que celle-ci se rapprochait de la position adoptée par le Parlement européen en juillet dernier et a dit souhaiter que les objectifs environnementaux soient remplis par des incitations plutôt que par la contrainte.

L'eurodéputé vert José Bové a quant à lui appelé les ministres de l'Agriculture à "arrêter de taper frénétiquement sur leurs calculettes".

"Soit on continue comme avant avec les dégâts sociaux et écologiques qu'on connait, soit on réoriente la PAC en maintenant des paysans nombreux sur tous les territoires avec un revenu issu de leur travail et une préservation des sols, de l'eau et de la biodiversité", a-t-il dit.

Avec Charlie Dunmore, édité par Gilles Trequesser