Belgique: Salah Abdeslam et Mohamed Abrini changent de prison

Les deux hommes ont été transférés ce lundi, pour Mohamed Abrini de la prison de Forest à celle de Bruges et pour Salah Abdeslam de celle de Bruges à celle de Beveren. L'idée? Eviter qu'ils se retrouvent dans la même prison et qu'ils communiquent entre eux.

Mohamed Abrini, inculpé dans le dossier des attentats de Paris et qui a avoué être le troisième homme des attentats à l'aéroport de Bruxelles, a été transféré ce lundi matin de la prison de Forest à la prison de Bruges. Et Salah Abdeslam, suspect-clé dans les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, a lui été transféré de la prison de Bruges à la prison de Beveren, pour éviter que les deux hommes ne communiquent, selon l'administration pénitentiaire belge à BFMTV. 

D'après nos informations, Mohamed Abrini devrait être soumis à plusieurs interrogatoires. La prison de Forest, étant proche de Bruxelles, était plus pratique dans un premier temps pour l'enquête. C'est dans cet établissement que les personnes qui passent devant un juge d'instruction de Bruxelles sont, en général, incarcérées.

Salah Abdeslam, lui, a été emmené directement à Bruges à l'époque car il était blessé et qu'il y a un hôpital à Bruges et pas à Forest. Il est maintenant esseulé à la prison de Beveren. Il n'y a qu'une seule cellule haute sécurité, qui dispose des mêmes règles qu'à Bruges. Les autres prisonniers le sont pour de longues peines. 

Pas d'incidents lors des transfèrements

Les transfèrements étaient prévus et ne répondent à aucun impératif d'urgence (des mesures de sécurité par exemple), selon les autorités pénitentiaires. Ils ne sont pas forcément définitifs. Les transfèrements se sont déroulés dans la discrétion et sans problème.

Le personnel de la prison de Forest s'était inquiété la semaine dernière du nombre de suspects de terrorisme qui y étaient enfermés. Selon les syndicats, l'infrastructure est en effet insuffisante pour accueillir tous ces détenus, les maintenir isolés les uns des autres et respecter les mesures de sécurité qui s'appliquent à eux.

Abrini pas notifié du mandat d'arrêt européen contre lui

Mohamed Abrini, qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt européen émis par un juge français le 24 novembre, a été arrêté le 8 avril lors d'un raid éclair, en pleine rue, dans la commune bruxelloise d'Anderlecht. Déjà inculpé dans le dossier des attentats de Paris, il a été également inculpé d'"assassinats terroristes" dans le dossier des attaques du 22 mars à Bruxelles, a annoncé le 10 avril le parquet fédéral belge. 

Le Belgo-Marocain de 31 ans a expliqué aux enquêteurs et au juge d'instruction qui l'ont interrogé que les commandos du 22 mars voulaient en fait retourner frapper Paris mais qu'ils ont été pris de court par l'enquête et ont décidé précipitamment de commettre les attentats de Bruxelles.

Contrairement à Salah Abdeslam, le mandat d'arrêt européen émis par les juges français "ne lui a pas été notifié à ce stade dans l'attente de la poursuite des investigations en Belgique sur le rôle qu'il aurait pu jouer dans les attentats du 22 mars", a expliqué une source judiciaire française.

La remise d'Abdeslam à la France "suspendue"

Début avril, Me Sven Mary, l'avocat de Salah Abdeslam avait affirmé qu'il ne serait pas remis "avant plusieurs semaines" à la France, la justice belge souhaitant l'entendre au moins dans l'enquête sur une fusillade survenue dans la commune bruxelloise de Forest trois jours avant son arrestation.

Interrogé par l'AFP, le parquet fédéral belge avait estimé qu'il était "beaucoup trop tôt" pour se prononcer sur une quelconque date de remise à la France de Salah Abdeslam, arrêté le 18 mars à Bruxelles après quatre mois de cavale. Le maintien en détention de en Belgique "suspend (sa) remise" à la France, "mais n'en remet pas en cause le principe", avait pour sa part précisé dans un communiqué le ministre français de la Justice Jean-Jacques Urvoas.

V.R. avec Guillaume Cordeaux