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"Une marchandise": la justice britannique s'inquiète d'un donneur de sperme qui revendique la paternité de 180 enfants

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La justice britannique a décidé de dévoiler l'identité d'un donneur de sperme surnommé "Joe Donor", afin de "protéger les femmes" qui pourraient avoir recours à ses services. Ce dernier affirme dans les médias avoir "engendré plus de 180 enfants" à travers le monde.

Un donneur de sperme qui inquiète au Royaume-Uni. Robert Charles Albon, qui se fait appeler "Joe Donor", affirme avoir engendré plus de 180 enfants partout dans le monde dans le cadre de donations de sperme non réglementées.

Un juge du tribunal de la famille de Cardiff, au Pays de Galles, Jonathan Furness KC, a estimé dans une décision de 2023 venant juste d'être publiée selon la BBC, que "les femmes et les enfants semblent presque être une marchandise pour lui".

"Il s'efforce d'augmenter le nombre de ses enfants dans le monde entier - Chine, États-Unis, Argentine, l’Australie et le Royaume-Uni, pour ne citer que quelques-uns des pays où il a eu des enfants", a-t-il ajouté.

Ce juge a notamment décidé de dévoiler l'identité de Joe Donor "afin de protéger les femmes des conséquences potentielles du don de sperme non réglementé, en général, mais aussi de Joe Donor lui-même". "Je suis convaincu qu’il est dans l’intérêt public de le faire car c’est un homme qui a l’intention de continuer à donner du sperme et les femmes vulnérables qui sont intéressées par de tels services doivent pleinement comprendre les risques qu’elles courent en s’engageant avec lui", a affirmé Jonathan Furness KC.

"Une histoire d'horreur"

Dans l'affaire en question, un couple de femmes a eu recours aux services de Robert Charles Albon, dont il fait la promotion sur les réseaux sociaux, afin d'avoir un enfant. Ce qui s'est transformé "en histoire d'horreur" selon l'une des femmes. Joe Donor a demandé au tribunal d'exercer la responsabilité parentale, d'être nommé sur l'acte de naissance et de modifier le nom de l'enfant, alors âgé de deux ans. "On a l’impression d’un homme qui manque totalement de sensibilité ou d’empathie, qui est totalement égocentrique et qui ne recule devant rien pour obtenir ce qu’il veut", a souligné le juge.

Joe Donor, originaire des États-Unis mais vivant dans le nord-est de l'Angleterre, s'est exprimé à de nombreuses reprises dans les médias.

Dans une vidéo du Sun en août dernier, il se dit "fier d'avoir aidé autant de personnes à réaliser leur rêve de former une famille".

Il explique avoir commencé cette activité de donneur de sperme il y a "treize ou quatorze ans" et depuis avoir eu "180 enfants". Robert Charles Albon précise avoir rencontré environ 60 d'entre eux. Il en voit certains "toutes les semaines", d'autres avec qui il communique via les applications de messagerie ou qu'il voit une fois par an ou encore certains avec qui il n'a aucun contact. "Si j'avais le choix, j'aurais des contacts avec tous les enfants", affirme-t-il.

"C'est comme être toujours de garde"

Joe Donor propose de réaliser le don de sperme par "insémination artificielle ou naturelle", ce qui implique dans ce cas d'avoir une relation sexuelle. Une méthode qui ne lui pose "aucun problème". "Je ne vois pas le problème de profiter de moment d'intimité en concevant un enfant. Je pense que c'est aussi bien pour les enfants de savoir qu'ils ont été créés de manière naturelle plutôt qu'en laboratoire", déclare-t-il au Sun, soulignant que cela "aide à surmonter les épuisantes émotions" d'une telle démarche.

"Bien sûr que j'apprécie les rapports sexuels, ce serait bizarre si ce n'était pas le cas", abonde-t-il soulignant qu'il pense avoir la "capacité étonnante à trouver du charme à n'importe quelle femme".

Robert Charles Albon explique que cette activité est une "partie très importante de sa vie". "C'est comme être toujours de garde", avance-t-il. "Je travaille en fonction de la période d'ovulation de la femme". Quant aux contrats, Joe Donor "n'aime pas vraiment" en faire car il ne veut pas que l'enfant lise ce document plus tard et pense "qu'il ne voulait pas de lui".

Seul le recours à une clinique habilitée permet de protéger légalement tant les demandeurs que les donneurs. Cela permet également d'avoir des garanties quant à la santé du donneur. Selon la réglementation britannique, le sperme d'un donneur ne peut être utilisé dans des cliniques agréées que pour créer un maximum de 10 familles.

Juliette Brossault