Royaume-Uni: le ministre de l'Intérieur blague à l'idée de droguer sa femme, puis s'excuse

Une blague de très mauvais goût qui a fait scandale outre-Manche. Le ministre de l'Intérieur, James Cleverly, a présenté ses excuses après avoir déclaré, sur le ton de l'humour, droguer sa femme, lors d'un événement à Downing Street.
Le ministre conservateur, nommé début novembre, s'est exprimé sur la longévité du mariage en faisant référence à la drogue du viol. Selon le Sunday Mirror, James Cleverly a déclaré, auprès de femmes, que l'ajout de "quelques gouttes de Rohypnol dans sa boisson chaque soir" n'était "pas vraiment illégal si c'est juste un peu". Il aurait également plaisanté sur le fait que le secret d'un mariage durable était d'avoir un conjoint "toujours légèrement sédaté pour qu'elle ne puisse jamais réaliser qu'il y a de meilleurs hommes ailleurs".
Un humour et un timing plus que douteux. Plus tôt dans la journée, son ministère annonçait en effet de nouvelles mesures pour lutter contre le "spiking", l'administration de drogues dans la boisson ou le corps d'une personne sans son consentement. Un fléau qui a fait plus de 6.700 victimes entre mai 2022 et avril 2023 au Royaume-Uni, d'après les chiffres officiels.
Entorse à la règle
Les conversations tenues lors des réceptions à Downing Street sont généralement considérées comme confidentielles, mais le tabloïd a choisi de faire une entorse à cette règle officieuse. La raison? Son statut de ministre et la teneur de ses propos. James Cleverly a tenté d'éteindre la polémique par l'intermédiaire de sa porte-parole. "Dans ce qui a toujours été compris comme une conversation privée, le ministre de l’Intérieur, évoquant le 'spiking', a fait ce qui était clairement censé être une blague ironique - pour laquelle il s’excuse", a plaidé son conseiller.
La réaction de l'opposition ne s'est pas fait attendre. Des figures éminentes du Parti travailliste ont critiqué les commentaires jugés "scandaleux" de James Cleverly. Alex Davies-Jones, la ministre du cabinet fantôme chargée de la violence domestique et de la protection, a qualifié l'argument d'"excuse la plus fatiguée du répertoire et personne n’y croit." "Si le secrétaire à l'Intérieur prend au sérieux la lutte contre le 'spiking' et la violence envers les femmes et les filles, cela exige un changement culturel complet. Les commentaires déplacés doivent cesser, et cela doit commencer par les plus hauts responsables", a ajouté la travailliste galloise.
Crime troublant aux "conséquences dévastatrices"
La secrétaire d'Etat à l'intérieur du cabinet fantôme, Yvette Cooper, a quant à elle déclaré: "Le 'spiking' est un crime troublant et grave qui a des conséquences dévastatrices sur la vie des jeunes femmes. Il est vraiment incroyable que James Cleverly ait fait de telles plaisanteries choquantes le même jour où le gouvernement annonçait de nouvelles mesures sur le 'spiking'."
Les ministres se sont engagés à moderniser le langage utilisé dans la législation pour préciser que le "spiking" est un crime, et ont également annoncé d'autres mesures dans le cadre d'une répression. Cependant, ils n'ont pas franchi le pas de faire du "spiking" une infraction spécifique.
En novembre, James Cleverly s'était déjà fait épinglé pour avoir utilisé un "langage inapproprié" envers le député travailliste Alex Cunningham. Il avait dû présenter des excuses publiques: "Ma critique, faite depuis une position assise, envers l'honorable gentleman utilisait un langage inapproprié, et je m'excuse pour cela."