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Royaume-Uni

Le discours de Theresa May vire au cauchemar

Theresa May reçoit un formulaire de démission des mains du militant et comédien Simon Brodkin

Theresa May reçoit un formulaire de démission des mains du militant et comédien Simon Brodkin - PAUL ELLIS / AFP

Le grand oral de la Première ministre britannique, qui se voulait celui de la reconquête, a viré à la catastrophe. Sans doute pas de quoi redonner espoir aux militants conservateurs.

Quintes de toux, irruption d'un comédien, lettres qui s'effondrent: le discours de reconquête de Theresa May a tourné au cauchemar mercredi à Manchester, fragilisant un peu plus la Première ministre britannique, dont le gouvernement est miné par les divisions sur le Brexit. Ce devait être le congrès du renouveau pour Theresa May, l'occasion de tourner la page des législatives du 8 juin et du revers essuyé par les tories, qui ont perdu leur majorité absolue, et elle une bonne partie de son autorité.

Hélas, tout ou presque est parti de travers lors de son allocution devant ses ministres et des centaines de militants du parti conservateur, réunis en congrès depuis dimanche à Manchester, la grande ville du nord-ouest de l'Angleterre.

Même le slogan collé derrière elle s'est effrité

Comme poursuivie par un chat noir, Theresa May a vu son discours brièvement interrompu par un manifestant - un acteur - qui lui a tendu un formulaire de licenciement, prétendument à la demande de son ministre des Affaires étrangères Boris Johnson. Theresa May a également été stoppée par de fréquentes quintes de toux, jusqu'à ce que son ministre des Finances Philip Hammond lui fasse parvenir un bonbon pour calmer sa gorge.

Enfin, deux lettres du slogan "Building a country for everyone" (Bâtir un pays pour tous) inscrit derrière elle se sont détachées tandis qu'elle s'exprimait.

Pour le quotidien Guardian (centre gauche), "difficile" de ne pas y voir la "métaphore" d'une Première ministre "à la peine" et "à court d'idées". "Quel désastre!", a taclé Seema Malhotra, députée de l'opposition travailliste, sur Twitter. "C'est un vrai foutoir, pas un gouvernement".

Dans un éditorial cinglant, le quotidien conservateur Daily Telegraph juge même la Première ministre "finie".

"Je suis désolée", confie la Première ministre

Tant bien que mal, entre deux quintes de toux, Theresa May a tenté de présenter sa vision des mois et années à venir, appelant son parti à faire bloc derrière elle et à dépasser ses divergences sur le Brexit. "Mettons-nous à niveau et donnons au pays le gouvernement dont il a besoin", a-t-elle déclaré.

Dans un discours se voulant porteur d'espoir à l'heure où le Royaume-Uni affronte avec le Brexit son plus grand défi depuis la Deuxième guerre mondiale, la dirigeante a appelé ses troupes à "surmonter les obstacles" pour "renouveler le rêve britannique".

Devant des militants toujours déboussolés par la déconfiture des législatives, elle a de nouveau présenté ses excuses: "Je suis désolée".

Elle n'a que brièvement mentionné le Brexit, pour assurer qu'il était dans l'intérêt de tous de voir les "négociations réussir" mais que son gouvernement se tenait prêt à "toute éventualité".

Boris, encore Boris, toujours Boris

Son discours a conclu un congrès dont le contenu avait d'entrée de jeu été largement éclipsé par l'étalage des divisions des conservateurs sur les négociations de sortie de l'Union Européenne (UE).

L'intenable Boris Johnson s'était en effet empressé, dès samedi, d'édicter dans le journal The Sun ses propres "lignes rouges" sur le Brexit, critiquant en creux les orientations de Theresa May.

Partisan d'une rupture franche avec l'UE, "Bojo" s'est fait reprendre par Philip Hammond, partisan d'un Brexit en douceur. "Personne n'est inamovible", a mis en garde Hammond lundi, alertant sur les risques que font peser les divisions sur les négociations, dont le Parlement européen a déploré mardi les progrès insuffisants.

Mais Boris Johnson a encore réussi à faire les gros titres mercredi pour une énième gaffe, déclarant que la Libye pourrait devenir attrayante pour les touristes et les investisseurs... si elle parvenait à "se débarrasser des cadavres".

David Namias avec AFP