Brexit: l'épineuse question des extraditions vers le Royaume-Uni

La Cour de Justice de l'Union Européenne doit se prononcer sur la question de l'extradition de prisonniers dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen - JOHN THYS / AFP
La sortie du Royaume-Uni de l'UE prévue en mars 2019 n'empêche pas l'exécution jusqu'à cette date, par les 27 pays restants, d'un mandat d'arrêt européen (MAE) émis par la justice britannique, a estimé mardi l'avocat général auprès de la Cour de justice de l'Union Européenne (CJUE). Ses avis sont en général suivis par la CJUE.
La juridiction établie à Luxembourg se penchait sur le cas d'un Irlandais réclamé depuis 2016 par le pays voisin, notamment pour des faits d'assassinat et de viol, a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Identifié avec ses initiales "RO", le suspect, détenu depuis deux ans et demi en Irlande, s'est opposé à sa remise au Royaume-Uni. Il faisait alors valoir que la perspective du Brexit laissait planer des incertitudes en matière de respect des droits fondamentaux.
"Le droit de l'Union s'applique"
L'argument a été balayé par l'avocat général de la juridiction européenne, vers laquelle s'était tournée la Haute Cour irlandaise. Dans le communiqué, l'avocat général "rejette l'argument de RO selon lequel la notification du retrait du Royaume-Uni constituerait une circonstance exceptionnelle appelant la non-exécution du MAE".
"Tant qu'un État est membre de l'Union, le droit de l'Union s'applique, en ce compris les dispositions de la décision-cadre sur le MAE et l'obligation de procéder à la remise", est-il ajouté. Le fait que la Cour de justice de l'UE ne serait plus jugée compétente par Londres après le 29 mars 2019 (date prévue du retrait effectif de l'Union) "ne fait pas obstacle à la remise", note aussi l'avocat général.
Il relève enfin que "le Royaume-Uni a décidé de se retirer de l'Union et non de s'affranchir de l'État de droit ou de la protection des droits fondamentaux". Par conséquent, "il n'y a pas lieu de douter de la persistance des engagements du Royaume-Uni en matière de droits fondamentaux", conclut-il.
Reconnaissance mutuelle des décisions judiciaires
Le mécanisme du mandat d'arrêt européen, qui s'applique dans l'UE depuis 2004, repose sur le principe de la reconnaissance mutuelle des décisions judiciaires.
Toutefois, il existe des motifs pouvant justifier qu'un État refuse de remettre une personne à un autre État. Un pays peut notamment refuser de remettre la personne visée si l'infraction pénale qui lui est reprochée n'en est pas une dans son droit national.
Dans la crise politique catalane, la difficulté pour l'Espagne à faire reconnaître par les justices d'autres Etats membres de l'UE son chef d'accusation de "rébellion" a conduit le mois dernier au retrait des MAE visant le président destitué de la Catalogne Carles Puigdemont et cinq autres responsables indépendantistes exilés en Belgique, Suisse et Ecosse.