BFMTV
Europe

Ancien footballeur, anti-occidental... Qui est Mikheïl Kavelachvili, le nouveau président géorgien controversé?

Mikhaïl Kavelachvili après son élection en tant que président de la Géorgie, le 14 décembre 2024.

Mikhaïl Kavelachvili après son élection en tant que président de la Géorgie, le 14 décembre 2024. - AFP

Mikheïl Kavelachvili, connu pour ses positions ultra conservatrices et anti-occidentales, a prêté serment au Parlement géorgien ce dimanche 29 décembre. La présidente sortante, critique pro-européenne du parti au pouvoir, Salomé Zourabichvili, rejette sa légitimité.

La Géorgie a investi ce dimanche 29 décembre un nouveau président, contesté par la rue car loyal au pouvoir contrairement à la cheffe de l'État sortante, nouvel épisode d'une crise politique en cours depuis des semaines, marquée par des manifestations pro-européennes d'ampleur.

Mikheïl Kavelachvili, connu pour ses positions ultra conservatrices et anti-occidentales, a prêté serment au Parlement pour succéder à Salomé Zourabichvili après avoir été élu le 14 décembre par un collège électoral contrôlé par le parti au pouvoir, Rêve géorgien.

Ancien joueur à Manchester City

Né dans la petite ville de Bolnisi, dans le sud-ouest du pays, Mikheïl Kavelachvili a d'abord débuté une carrière sportive dans les années 1980, en Géorgie et en Russie. Évoluant au poste d'attaquant, il a joué pour Manchester City, en Angleterre, pendant la saison 1995-1996, puis principalement en Suisse.

À partir de 2016, Mikheïl Kavelachvili est député au Parlement et a été réélu aux dernières législatives. En 2022, il avait créé une faction prônant des thématiques anti-occidentales qui s'est officiellement séparée de Rêve géorgien, tout en étant considérée comme étant sous sa coupe.

Dans ses discours, il a accusé les Occidentaux de vouloir pousser la Géorgie - qui a déjà connu une courte guerre avec la Russie en 2008 - dans le conflit armé en Ukraine. Âgé de 53 ans, Mikheïl Kavelachvili a été désigné président le 14 décembre dernier.

Idéologie d'extrême droite

Son investiture s'est tenue, pour la première fois dans l'Histoire de la Géorgie, à huis clos au Parlement, par crainte des protestations de l'opposition pro-européenne. C'est devant le Parlement de cette nation du Caucase que Mikheïl Kavelachvili a prononcé des discours souvent pleins d'obscénités, visant les critiques du Rêve géorgien ou encore les personnes LGBT+.

Ses opinions politiques s'alignent sur les idéologies d'extrême droite, notamment en ce qui concerne l'identité nationale, l'opposition à la reconnaissance des droits des personnes LGBT+ et la promotion de la "pureté des valeurs traditionnelles des Géorgiens" contre ce qu'il décrit comme un "fascisme libéral putride" imposé par l'Occident.

Il a attaqué en particulier les personnes LGBT+, victimes d'une hostilité forte dans ce pays où l'influence du christianisme orthodoxe reste prégnante. Mikheïl Kavelachvili a notamment accusé les Occidentaux de vouloir qu'"un maximum de personnes soient neutres et tolérantes envers l'idéologie LGBT qui défend supposément les faibles mais qui s'oppose en fait à l'Humanité".

Légitimité critiquée

Les manifestants pro-européens qui protestent quotidiennement depuis deux mois accusent l'ancien footballeur d'être un pantin du milliardaire Bidzina Ivanichvili, qui a fait fortune en Russie, fondé le parti Rêve géorgien et dirige la Géorgie en coulisses depuis 2012.

Sa légitimité en tant que chef de l'État est déjà critiquée par des experts en droit constitutionnel. Car le Parlement a ratifié les mandats des nouveaux députés, en infraction avec la loi qui exigeait d'attendre la décision de justice concernant la demande de Salomé Zourabichvili d'annuler les résultats du scrutin d'octobre.

Cette dernière a jugé que la nouvelle législature et le gouvernement étaient "illégitimes" et juré de ne pas quitter ses fonctions à la fin de son mandat, le 29 décembre, si les autorités n'organisaient pas de nouvelles législatives.

Fanny Rocher