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Benoît XVI démissionne : l’Allemagne perd son pape

Avant de devenir Benoît XVI, le pape était cardinal dans le sud de l'Allemagne, en Bavière.

Avant de devenir Benoît XVI, le pape était cardinal dans le sud de l'Allemagne, en Bavière. - -

Au lendemain de l’annonce choc de la renonciation du pape, la presse allemande s’est réveillée groggy. Elle, si fière en 2005 de clamer que le pape est allemand, n’en revient pas.

Le 27 février prochain, le pape Benoît XVI s'en ira. Il s'adressera aux fidèles sur la place Saint-Pierre de Rome, puis quittera officiellement ses fonctions. En Allemagne, on l'écoutera avec attention. Benoît XVI s'appelle Joseph Ratzinger et vient de Bavière : cela, les Allemands ne sont pas prêts de l'oublier.

A commencer par Bild. Le tabloïd, quotidien le plus lu en Allemagne, avait titré en 2005 "Wir sind Papst !" (Nous sommes le pape). Huit ans plus tard, le tabloïd affiche en une le pape de dos, en titrant "Plus de force". Et comme s’il ne voulait pas y croire, le journal soulève la question d’une conspiration menée contre le pape pour l’obliger à démissionner. En ligne de mire, le secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, que Benoît XVI aurait voulu évincer, avant de brutalement changer d'avis... "Etrange", commente Bild, friand de théories du complot.

Un pape bavarois

De son côté, le très sérieux Frankfurter Allgemeine Zeitung préfère rappeler que Joseph Ratzinger est un "pape bavarois". "Et c’est plus qu’une simple étiquette, souligne le quotidien. Ses racines ont eu une incidence sur tout son pontificat, avec ses forces et ses faiblesses."

Le quotidien conservateur de Francfort rappelle que "sans la ferveur religieuse populaire de Bavière, que Ratzinger a vécu dans sa jeunesse", celui-ci n’aurait sans doute jamais été pape. La région dans laquelle le pape a grandi a d’ailleurs été rebaptisée "Benediktland" (le pays de Benoît).

"Dieu merci !"

Pour le Tageszeitung, la démission du pape est plutôt une bonne nouvelle : sur sa une immaculée, le quotidien de gauche montre uniquement deux chaussures rouges et un titre en gras : "Dieu merci". Comme un cri de soulagement, le quotidien ne cache pas son enthousiasme face à la fin de la "hype Benoît" en Allemagne. Une une en forme de réponse à celle de en 2005 : on y voyait un simple "Oh mon Dieu !" sur fond noir, qui montrait le peu d'enthousiasme du journal pour le pape.

Pas de regrets non plus pour Die Zeit. Sur son site, l'hebdomadaire rappelle que Joseph Ratzinger avait raconté avoir été pris de vertiges au moment de son élection. Il aurait même demandé à Dieu, "s’il te plaît, ne me fait pas ça".

Et de conclure : "Il était le deuxième homme le plus puissant après Jean-Paul II. Et pourtant, il est toujours resté un homme de second rang (...) Le monde d’intrigues et de conflits qu'est le Vatican n’était pas le sien."

Ariane Kujawski