"Est-ce un rêve?" Les Japonais ont du mal à croire au désastre

Près de l'aéroport de Sendai, dans le nord du Japon. Deux jours après le terrible tremblement de terre et le tsunami qui a envahi des zones côtières du nord du Japon, faisant des milliers de morts et privant d'électricité et d'eau courante des millions d' - -
A une heure de route de là, des secouristes, équipés de masques blancs et de combinaisons de protection, passent au scanner des milliers d'évacués, pour s'assurer qu'ils n'ont pas été irradiés.
Deux jours après le terrible tremblement de terre et le tsunami qui a envahi des zones côtières du nord du Japon, faisant des milliers de morts et privant d'électricité et d'eau courante des millions d'habitants, nombreux sont ceux qui cherchent encore à appréhender l'ampleur réelle du désastre.
"Est-ce que ce n'est pas un rêve? J'ai l'impression d'être dans un film ou quelque chose de ce genre", déclare un habitant d'Hitachi, dans la préfecture d'Ibaraki. "Quand je suis seul, je dois me pincer pour m'assurer que ce n'est pas un rêve".
A Sendai, ville d'un million d'habitants, survivants et secouristes ont entrepris d'évacuer les tonnes de débris qui ont été charriés par le mur de vagues et jonchent désormais les rues.
"Il y avait eu des tsunamis par le passé mais ils étaient bien moins puissants. Personne ne pensait qu'il pourrait en arriver un pareil", déclare une personne âgée, Michiko Yamada, à Rikuzentakata, village pratiquement rasé dans la préfecture septentrionale d'Iwate.
De nombreux corps ont été découverts dimanche dans les décombres de la ville de Yamada, où 5.000 maisons sont sous les eaux, rapporte l'agence de presse japonaise Kyodo. A Otsuchi, un village des environs, la mairie a été emportée, avec à l'intérieur, semble-t-il, le maire et ses administrés.
Un miraculé, âgé de 60 ans, a été localisé dérivant sur une pièce de charpente, à une quinzaine de kilomètres au large de la côte de la préfecture de Fukushima. Hiromitsu Shinkawa, qui est "en bonne santé" selon Kyodo, a été hélitreuillé. Il a raconté avoir été emporté vers le large, avec son habitation, par les flots en furie.
Au sud de Sendai, à Koriyama dans la préfecture de Fukushima, des dizaines de milliers d'habitants évacués de zones situées autour de la centrale atomique de Daiichi, dont une partie s'est effondrée, ont été passés au scanner pour déterminer s'ils ont été irradiés.
Bien que les autorités assurent que le niveau de radioactivité est faible au lendemain d'une explosion survenue samedi dans l'un des bâtiments du réacteur n°1, à 240 km au nord de Tokyo, des secouristes équipés de masques et de combinaisons passaient des appareils de détection sur les personnes censées avoir été exposées.
DES QUARTIERS ENTIERS ONT DISPARU
"Ça fait plutôt peur", déclarait une personne de 17 ans, qui attendait d'être scannée au centre d'évacuation de Koriyama.
On pense que le séisme et le tsunami ont fait 10.000 morts et que près de 21.000 bâtiments ont été soit détruits, soit fortement endommagés. Le bilan pourrait s'alourdir, les autorités étant sans nouvelles de plusieurs dizaines de milliers de personnes, indique Kyodo.
Par comparaison, le séisme de Kobe, en 1994, avait fait 6.000 morts. Celui qui avait frappé le Kanto (région de Tokyo) le 1er septembre 1923 avait, du fait de dramatiques incendies, fait au total dans les 140.000 tués.
Alors que le gouvernement vient d'affecter 100.000 soldats - le double du nombre décidé précédemment - aux efforts des secours, des informations dramatiques parviennent au fil des heures sur les destructions et les pertes humaines.
Ainsi, un hospice a été emporté avec à l'intérieur une trentaine de pensionnaires à Ofunato, petite ville côtière du nord de Honshu. La ville de Minamisanriku, qui avait 17.500 habitants, a été pratiquement rasée. On est sans nouvelles de la moitié de sa population.
A Rikuzentakata, des rescapés s'affairent pour tenter de récupérer leurs biens, retournant les épaves de voitures et, parfois, de bateaux qui ont été charriés vers l'intérieur des terres par la puissance du raz-de-marée.
Plusieurs quartiers de Rikuzentakata ont littéralement disparu, et une vaste zone boueuse a fait place, avec seulement quelques bâtiments intacts.
"On ne réussit pas vraiment à évaluer l'ampleur des dégâts", explique Futoshi Toba, le maire de la localité, dont la femme est portée disparue. "L'eau, les vivres, l'essence, tout manque. Nous allons faire de notre mieux pour nous en procurer".
Plus de 1.300 personnes ont trouvé refuge dans la nuit de samedi à dimanche dans une école mal chauffée, alors que dehors, il faisait autour de 0° Celsius. Les gens ont dormi sous des couvertures. Certains sont restés assis autour de chauffages d'appoint, discutant avec des amis ou des proches.
Des personnes en pleurs scrutaient fiévreusement un panneau où avaient été inscrits les noms des survivants.
Au total, 350.000 personnes ont été évacuées dans le nord du pays, dont 140.000 aux abords de deux centrales atomiques.
A Tokyo, où la population s'attend de longue date au "Big One" - un tremblement de terre de l'ampleur de celui de 1923 - les télés restent allumées en permanence, diffusant des images de désolation, d'incendies, de vagues meurtrières.
"Même dans les bars, on continue de regarder les nouvelles", racontait une jeune femme, Kasumi, qui buvait un verre en compagnie d'un ami dans le quartier d'Akasaka, samedi soir. "J'ai vu le tsunami engloutir des maisons, on croyait être dans un film..."