Enquête sur le crash de Madrid

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153 personnes, dont 3 Français ont trouvé la mort hier à l'aéroport Barajas de Madrid, à la suite de la sortie de piste d'un appareil de la compagnie Spanair. Le bilan des morts pourrait malheureusement évoluer à la hausse, puisque parmi les 19 survivants, certains, blessés, sont dans un état très grave.
L'avion, un MD 82 transportait 172 personnes : 162 passagers et 10 membres d'équipage. Un vieil avion, en service depuis au moins 15 ans, qu'on retire progressivement des lignes de vol mais qui, selon les experts, reste fiable. Le vol JK5022 faisait la liaison entre Madrid et Las Palmas dans l'archipel espagnol des Canaries.
Une puissante explosion
« Seule la queue était reconnaissable, il y avait des débris éparpillés partout et des corps dans une large zone. Il y avait beaucoup d'enfants", a déclaré à Reuters Herbigio Corral, qui a dirigé les opérations de secours.
Une enquête est ouverte
La police judiciaire a été sur place toute la nuit pour tenter d'élucider ce drame. Les forces de sécurité ont retrouvé la boîte noire, et on devrait en savoir plus d'ici quelques jours. Cette enquête est rendue très difficile par l'état de l'avion, véritable carcasse carbonisée. On sait pour l'instant que l'un des 2 moteurs a explosé sous l'aile gauche. Une heure avant, l'appareil avait tenté un premier décollage, et avait du faire machine arrière car l'un de ses moteurs ne marchait pas.
Spanair, une compagnie sérieuse ?
Gérard Jouani, spécialiste aéronautique, connaît bien cet appareil et la compagnie qui l'affrétait, Spanair, première compagnie privée d'Espagne : « Spanair était une compagnie à l'agonie. Elle a été rachetée par le suédois SAS. Ces deux compagnies ont des difficultés financières1. Mais on ne peut pas dire qu'il y a eu un défaut d'entretien, la compagnie étant plutôt sérieuse et gérée exactement comme l'est la Scandinavian Airlines, de façon sûre et sérieuse. Les autorités aéronautiques européennes sont très sourcilleuses de faire les contrôles comme si les compagnies allaient bien. Le prétexte d'une mauvaise situation financière n'est pas suffisant pour ne pas faire les contrôles et donner des sanctions si besoin. »
L'appareil a-t-il été bien entretenu ?
« Le MD 82 est un vieil avion un peu polluant, qui fait du bruit et crache des fumées de kérosène. Mais s'il a été correctement entretenu - il doit avoir entre 25 et 30 ans, il est parfaitement en état de vol. Il faut savoir que c'est un moyen courrier, avec deux réacteurs situés à l'arrière. Il faut évidemment que ces deux réacteurs aient la même poussée, parce que si l'un vient à lâcher, il y a une dissymétrie et on sort de piste à droite ou à gauche. Mais c'est un accident extrêmement rare, aggravé par le fait que l'avion, au décollage, avait les pleins de kérosène - un aliment formidable pour un incendie. »
1 La compagnie Spanair, confrontée à une concurrence rude et à la hausse des prix du kérosène, a enregistré une perte de 81 millions de dollars au premier semestre et annoncé le licenciement d'un millier de ses employés. Quelques heures avant l'accident de Madrid, ses pilotes menaçaient de faire grève. SAS tente de vendre sa filiale depuis l'an dernier.