En Grèce, jeunes et personnes âgées bouderont les grands partis

Georgios Pasayannis, un retraité de 73 ans qui a servi quarante années durant dans la fonction publique grecque, a toujours voté pour Nouvelle démocratie (ND), pensant que cette formation conservatrice lui garantirait un avenir tranquille. Aujourd'hui, ce - -
par Erik Kirschbaum
MARATHON, Grèce (Reuters) - Georgios Pasayannis a servi quarante années durant dans la fonction publique grecque. Ce retraité de 73 ans a toujours voté pour Nouvelle démocratie (ND), pensant que cette formation conservatrice lui garantirait un avenir tranquille.
Aujourd'hui, cependant, il assure qu'il ne votera plus jamais pour "ces escrocs", pas plus que pour leurs partenaires de coalition, le Pasok (socialiste), car ils ont amputé d'un tiers sa pension de retraite, qui était de 1.500 euros par mois, tout en augmentant les impôts.
Aussi Pasayannis, qui travaillait pour le ministère de la Défense, dit-il qu'il a bien l'intention de se venger lors des élections législatives anticipées du 6 mai.
"Nous payons et payons mais n'obtenons rien en échange", dit cet homme, qui croyait pouvoir passer une retraite tranquille à Marathon, à une quarantaine de kilomètres à l'est d'Athènes. "Ils nous ont trompé et menti pendant des années. C'est une bande d'escrocs".
Les personnes âgées, naguère les électeurs les plus fidèles des partis de la coalition au pouvoir, devraient cette fois-ci bouder massivement ces formations, selon les sondages. Or, 30% environ des 9,85 millions de Grecs, soit 2,8 millions, ont plus de 65 ans.
A l'autre bout de la pyramide des âges, une bonne partie des jeunes électeurs devraient bouder les grands partis, ND et Pasok, qui gouvernent la Grèce en alternance ou ensemble depuis le rétablissement de la démocratie au milieu des années 1970. Environ 15% de l'électorat, soit 1,4 million de personnes, a entre 18 et 29 ans. Chez les Grecs de moins de 25 ans, le taux de chômage est de l'ordre de 50%.
LE PLONGEON DES SALAIRES
Ce sont les petites formations qui devraient bénéficier de l'impopularité des deux grands partis, car elles s'opposent aux fortes baisses de salaires et des pensions de retraite imposées à la Grèce par le FMI et l'Union européenne en échange de leur aide financière. Le chef de file du Pasok, Evangelos Venizelos, a mis en garde les électeurs grecs contre l'entrée d'un parti selon lui "néo-nazi" au Parlement, le 6 mai.
Profitant de la colère d'une partie de la population face à l'austérité, le parti d'extrême droite "Aube dorée" pourrait obtenir 5% des voix, bien au-dessus des 3% nécessaires pour être représenté à la Vouli (chambre basse du Parlement).
Selon l'OCDE, les employés du secteur privé ont vu leurs salaires plonger de 25% l'année dernière et retrouver leur niveau de 2006.
"Ce sont les jeunes qui souffrent le plus à cause de ces clowns", déclare une jeune habitante de Marathon, en faisant allusion aux gouvernants actuels. A 24 ans, Vicki Karabela a plus de chance que la plupart des jeunes de la ville. Elle travaille à la poste, mais bon nombre de ses amis et proches sont sans emploi.
"Personne ne votera pour les partis au pouvoir, parce que c'est une bande de menteurs", dit-elle. "Plus personne ne croit un seul mot de ces politiciens. J'ai voté pour eux la dernière fois, mais cela ne se reproduira plus jamais".
Si elle se décide à aller voter, son choix se portera sans doute sur l'un des petits partis qui, selon les instituts de sondage, auront ensemble suffisamment de voix pour priver les deux grands partis d'une majorité au parlement.
Lors des dernières législatives, Pasok et ND avaient obtenu ensemble 77% des voix. Dimanche prochain, ce pourcentage pourrait bien tomber à peine 40%.
Eric Faye pour le service français