En Chine, on s'interroge sur la possibilité de lâcher la Corée du Nord

Des supporteurs chinois en Floride. - Michele Eve SANDBERG - AFP
Bon gré mal gré, la Chine est toujours l'alliée de la Corée du nord, mais il est loin le temps où Mao expliquait que les deux pays étaient "aussi proches que les lèvres sont proches des dents". Dans la société civile chinoise, des voix se font entendre publiquement pour demander aux autorités de se détacher définitivement de ce turbulent voisin, comme le signale le New York Times. Ces demandes d'une réorientation de la politique étrangère du géant asiatique interviennent après que les Etats-Unis ont commencé à montrer les dents pour intimider Kim Jong-Un au moment où celui-ci envisage un nouveau lancement de missile. L'administration Trump a d'ailleurs indiqué que les Etats-Unis pourraient s'occuper "seuls" du problème nord-coréen...si la Chine ne parvenait pas à le régler en augmentant ses pressions sur son partenaire.
"La Corée du nord est l'ennemi de la Chine"
C'est d'un universitaire, le mois dernier, qu'est venue la relance de la polémique en Chine, raconte le quotidien new-yorkais. Shen Zihua, historien bien connu en Chine et spécialiste de la guerre de Corée, a alors déclaré dans la ville de Dalian: "Au vu de la situation actuelle, la Corée du nord est l'ennemi latent de la Chine et la Corée du sud pourrait être l'alliée de la Chine".
Shen Zihua n'a pas vu ses propos relayés dans les grands médias, cependant nul n'a cherché à les occulter comme en témoigne le fait qu'ils soient toujours consultables sur le site de l'université normale de Chine orientale de Shanghai où il enseigne. De plus, il a pu les réitérer plusieurs fois depuis dans des conférences. Une nouveauté dans la mesure où jusqu'ici le Parti communiste chinois censurait les discours critiques au sujet du régime des Kim. Pour l'historien, interrogé par le New York Times, cette tolérance démontre que le gouvernement est désormais ouvert à l'idée que le partenariat entre la Chine et la Corée du nord est sujet à débat.
Les nouveaux axes de la diplomatie chinoise
De plus, le Global Times, un journal chinois appartenant à l'Etat, a appelé, ces derniers jours, a renouveler les sanctions contre la Corée du nord, et même de cesser de fournir la partie septentrionale de la péninsule en pétrole si Kim Jong-Un procédait à un nouveau test nucléaire.
S'il s'agit de "renouveler" des sanctions, c'est que la Chine a déjà commencé à prendre ses distances ces dernières années en punissant la Corée du nord pour tenter de décourager la poursuite du programme nucléaire militaire. En février dernier, les importations de charbon en provenance de ce pays ont même été suspendues. La Chine a aussi voulu se rapprocher politiquement et économiquement de l'autre Corée. Enfin, la Chine se tourne davantage vers les Etats-Unis, comme en atteste la visite du président Xi Jinping dans la résidence de Donald Trump en Floride, le 6 avril dernier.