Election présidentielle malienne sans incident majeur

Décompte des bulletins de vote à Tombouctou - -
Pas d'incidents majeurs signalés. Les résultats provisoires de scrutin présidentiel malien sont attendus ce mardi. Un second tour aura lieu le 11 août si aucun candidat ne passe la barre des 50% de voix. Avec cette élection, le Mali espère tourner la page du coup d'Etat de mars 2012 et de l'occupation du nord du pays par les islamistes radicaux, qui a pris fin avec l'intervention de l'armée française en janvier. Des milliers de soldats français et africains ont rétabli l'intégrité territoriale du pays et une mission de maintien de la paix des Nations unies, la Minusma, forte de 12.600 hommes, est en cours de déploiement pour stabiliser le pays. Une élection réussie constituerait une nouvelle étape de son redressement.
La France espère retirer une bonne partie de ses quelque 3.000 hommes sur place d'ici la fin de l'année. Les pays donateurs ont promis plus de 3 milliards d'euros d'aide à la reconstruction après l'élection. Dans un communiqué diffusé par l'Elysée, François Hollande a salué "le bon déroulement du scrutin présidentiel malien, marqué par une mobilisation importante et une absence d'incident majeur, selon les premières observations de la mission de l'Union Européenne".
« Jamais vu un tel niveau de participation »
Après quelques retards, les 6,8 millions d'électeurs maliens se sont pressés dans les 21.000 bureaux de vote gardés par des soldats maliens, français ou des casques bleus. Vingt-sept candidats étaient en lice dont deux anciens Premiers ministres, parmi les favoris, Ibrahim Boubacar Keita et Modibo Sidibé. "Les gens sont motivés cette fois, parce que la crise a duré trop longtemps", a déclaré Lamissa Coulibaly, un enseignant. "J'ai travaillé sur huit élections et je n'ai jamais vu un tel niveau de participation", a commenté Mahamar Maiga, employé au dépouillement des bulletins. Le réseau Apem constitué par 2.100 observateurs maliens a déclaré que la plupart des bureaux de vote avaient ouvert à l'heure et que la participation était élevée. La plupart des bureaux à Bamako ont fait état d'une participation de 55 à 65%.
« Fier d’être Malien »
La participation à Tombouctou dépassait 50%. Le taux de participation dans une élection présidentielle au Mali n'a jamais dépassé jusqu'ici 40%. Seulement 25% des électeurs inscrits de Bamako ont pris part au dernier scrutin présidentiel en 2007. A Tombouctou, occupée l'an dernier par les rebelles liés à Al Qaïda, des électeurs sont allés voter en nombre malgré la menace d'attentats djihadistes. "On a encore peur mais on est fier d'être malien et de risquer notre sécurité pour voter", a déclaré Maty Balkissa Touré, un habitant de la ville.
L'ancien ministre belge des Affaires étrangères Louis Michel, chef des observateurs de l'Union européenne, s'est rendu à Kidal, ville du nord du Mali anciennement contrôlée par les séparatistes touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) mais où le vote a pu se dérouler grâce à un accord de trêve avec Bamako. Louis Michel a indiqué que la participation y avait été visiblement faible et que le vote s'était déroulé dans le calme. Des partisans des séparatistes touaregs étaient parfois devant les bureaux de vote pour tenter les électeurs de ne pas voter. Kidal compte environ 30.000 électeurs inscrits. Une source proche de l'Onu a déclaré que des rebelles du MNLA avaient empêché des électeurs de voter autour de Menaka, dans la région de Gao.
Ailleurs dans le pays, certains électeurs ont eu des difficultés à trouver leur bureau de vote ou se sont plaints de ne pas être inscrits sur les listes électorales. Mais Louis Michel a salué l'absence d'incident majeur susceptible d'entamer sa confiance dans le scrutin.