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Egypte : de la «colère» au bain de sang

Des partisans de Mohamed Morsi évacuent un blessé, ce vendredi au Caire.

Des partisans de Mohamed Morsi évacuent un blessé, ce vendredi au Caire. - -

La « journée de la colère » en Égypte a vu ce vendredi des milliers de partisans de l'ancien président Mohamed Morsi défiler à travers le pays. On dénombre au moins des dizaines de morts dans des affrontements avec la police.

La « journée de la colère » décrétée vendredi par les Frères musulmans en Egypte a dégénéré en de nouveaux affrontements meurtriers au Caire, où on compte près de 50 morts selon des sources proches de la sécurité, et dans d'autres villes du pays. Dans le centre de la capitale, survolé par un hélicoptère militaire et où retentissaient des rafales d'armes automatiques, un journaliste de Reuters a dénombré 27 corps transportés dans une mosquée proche de la place Ramsès où convergeaient les islamistes. La plupart portaient les marques de blessures par balles. De sources proches des services de sécurité, on évoquait en fin d'après-midi un bilan de près de 50 morts dans la capitale. Dans la province du Fayoum, au sud du Caire, on rapporte de source médicale que des affrontements similaires ont fait au moins cinq morts et 70 blessés. Quatre morts ont été signalés à Ismaïlia, dans le nord-est, huit autres à Damiette, au bord de la mer Méditerranée et deux à Tanta, dans le delta du Nil.
Les forces de sécurité assurent quand à elles que 24 policiers ont été tués ces dernières 24h.

« Le peuple réclame que le boucher soit exécuté »

Deux jours après l'intervention sanglante des forces de l'ordre contre les campements qu'ils occupaient au Caire, des milliers de partisans de l'ancien président Mohamed Morsi ont répondu à l'appel de la confrérie. Bravant les mises en garde du gouvernement mis en place après la destitution de Mohamed Morsi, le 3 juillet, ils ont de nouveau exigé son rétablissement dans ses fonctions et la démission du chef de l'état-major de l'armée, le général Abdel Fattah al Sissi, qui cumule aussi les fonctions de ministre de la Défense et vice-Premier ministre, et qu'ils tiennent responsable des troubles meurtriers de mercredi. « Le peuple réclame que le boucher soit exécuté », a dit l'un d'eux, Mustafa Ibrahim, 37 ans.

Déterminés « à en finir »

Dans la matinée, l'armée égyptienne avait déployé des dizaines de véhicules blindés aux points névralgiques de la capitale tandis que le ministère de l'Intérieur avait prévenu la veille que les forces de sécurité tireraient à balles réelles contre ceux qui s'en prendraient à elles ou à des bâtiments officiels. Mais des milliers d'islamistes ont convergé à la sortie des grandes prières du vendredi vers la place Ramsès, dans le centre de la capitale, où des affrontements ont éclaté. Des milliers de manifestants islamistes, le visage protégé par des masques chirurgicaux, des masques à gaz et des foulards, ont fait face aux gaz lacrymogènes. Des journalistes de Reuters ont dit avoir entendu des coups de feu.
Même si elle admet avoir « pris des coups », la confrérie refuse de reculer dans son bras de fer avec Abdel Fattah al Sissi. Dans un communiqué publié dans la nuit, les Frères disaient vouloir réunir pour ce « vendredi de la colère » des millions de partisans. « Malgré la douleur et la peine suscitées par la perte de nos martyrs, le dernier crime commis par les putschistes a renforcé notre détermination à en finir avec eux ».

Philippe Gril avec Reuters