Egypte : au moins 421 morts, l'état d'urgence instauré

Un partisan de l'ancien président Morsi pleure au milieu des cadavres, après l'intervention policière ce mercredi matin. - -
Un massacre. L'opération de police pour disperser les partisans de l’ancien président déchu Mohamed Morsi, au Caire et dans plusieurs villes d’Egypte, a viré au bain de sang. Selon l’ONU, plus d’une centaine de personnes ont été tuées ou blessées dans des affrontements avec la police. Un bilan revu à la hausse d'heure en heure : le ministère égyptien de la Santé a fait état dans son dernier bilan d'au moins 525 morts, dont 43 policiers, et 3 500 blessés.
Les partisans du président destitué Mohamed Morsi campaient sur deux places du Caire, lorsqu’ils ont été évacués par la force ce mercredi matin vers 7h00 locales. L'armée égyptienne a ensuite ouvert le feu sur des partisans qui tentaient de rejoindre un campement qu’ils venaient de prendre d'assaut. Après l’intervention policière, les Frères musulmans ont appelé leurs partisans à descendre dans les rues, entraînant de nouveaux heurts. Selon eux, plus de 2 200 partisans ont été tués, un bilan impossible à vérifier.
Couvre-feu
En conséquence, l’état d’urgence a été instauré par la présidence en milieu d’après-midi, pour une durée d’un mois. Dans un communiqué diffusé par la télévision, elle ordonne par ailleurs à l'armée d'apporter son soutien aux forces du ministère de l'Intérieur pour établir la sécurité. Le couvre-feu prendra effet de 19h à 06h locales dans 11 des 27 provinces égyptiennes, parmi lesquelles celle de Suez et du Fayoum au sud du Caire, où au moins 35 personnes ont perdu la vie dans des affrontements avec les forces de police.
Les seuls bénéficiaires seront « ceux qui appellent à la violence et au terrorisme ».
Ecœuré par cette violence, le libéral Mohamed El-Baradeï, nommé vice-président du gouvernement intérimaire égyptien après la destitution de Mohamed Morsi, a remis mercredi sa démission à la suite de l'intervention des forces de sécurité contre les partisans du président déchu. Dans une lettre au président Adli Mansour, il réaffirme que des options pacifiques étaient possibles pour mettre un terme à la crise politique. « Il m'est devenu difficile de continuer à assumer la responsabilité de décisions avec lesquelles je suis en désaccord et dont je crains les conséquences », écrit-il. Il estime que les seuls bénéficiaires de l'intervention violente des forces de sécurité contre les pro-Morsi « seront ceux qui appellent à la violence et au terrorisme ».
Condamnation unanime de la communauté internationale
Cette intervention policière a provoqué la colère de la communauté internationale, qui a vivement dénoncé toute la journée les violences. « La France déplore très vivement les violences survenues au Caire lors des opérations d'évacuation », a déclaré un porte-parole du Quai d'Orsay. L'Union européenne a jugé « extrêmement préoccupantes » les informations en provenance du Caire et invite les autorités égyptiennes à faire preuve de retenue. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a condamné « dans les termes les plus forts » la violence de l'intervention des forces de sécurité égyptiennes.