"Donner un nom" aux victimes: un photographe de guerre qui s'est rendu à Boutcha raconte

"Elle est devenu un symbole grâce à la photo de Florent Marcy". Mettre un nom sur une des milliers de civils tués en Ukraine. C'est précisément ce qu'a souhaité faire le photographe Florent Marcie, en immortalisant le corps de la jeune Oksana, 34 ans, retrouvée morte dans une cave à Boutcha. "Choqué" par "la force terrible" de ce cliché, le photographe de guerre Patrick Chauvel s'est rendu en Ukraine pour rencontrer les proches de la jeune femme et pouvoir parler de la personne qu'elle était dans les colonnes de Paris Match.
"On voulait donner un nom à cette femme, la sortir de ce trou, lui rendre sa dignité, et qu'elle serve de symbole pour toutes les autres dont on ne parle pas", explique sur BFMTV Patrick Chauvel, photographe de guerre qui est retourné sur place pour rencontrer la famille de la jeune femme.
En avril, le monde découvrait les crimes de guerres commis en mars à Boutcha lors de l'occupation russe de la ville, située au nord de l'Ukraine, non loin de Kiev. 458 corps ont été découverts dans la ville, dans un des premiers charniers de la guerre notamment, selon un bilan d'août de la municipalité.
Une disparition inexpliquée
Sur place, le photographe de guerre en apprend plus sur le parcours d'Oksana. La jeune femme était partie rendre visite à sa grand-mère, qui habitait à Boutcha, avant l'attaque de la Russie.
"Cette mère d'une petite fille de 5 ans était partie rassurer sa grand-mère avant l'attaque des russes parce qu'elle pensait qu'il n'y aurait pas d'attaque (...) On ne sait pas ce qu'il s'est passé, elle a disparu", raconte Patrick Chauvel, qui affirme que la jeune femme a subi des violences et des tortures avant de mourir.
Avec son reportage, alors que les corps peuvent devenir "des statistiques", il souhaite que les victimes comme Oksana "deviennent des personnes. Toutes ces autres femmes, qui ne sont que des chiffres, sont des Oksana", affirme le photographe sur BFMTV.
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine le 24 février, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a décompté plus de 15.000 victimes civiles dans le pays, dont 6221 morts et 9371 blessés, selon un bilan publié le 10 octobre.
Le premier rapport de la Commission d'enquête internationale établie par l'ONU sur la guerre en Ukraine, publié en septembre, établit que des crimes de guerres ont effectivement été commis depuis le début du conflit. Parmi ces crimes de guerres figurent des exécutions sommaires, des actes de torture et des violences sexuelles commises par les forces russes.