Des milliers de manifestants dans le centre d'Alger contre le cinquième mandat de Bouteflika

Une marée humaine a défilé ce vendredi dans le centre d'Alger pour un troisième vendredi consécutif contre un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika, malgré les mises en garde sur les risques de "chaos" lancées la veille par un chef de l'Etat qui refuse de céder.
Mobilisation supérieure aux semaines précédentes
La mobilisation, immense et difficile à évaluer, est apparue largement supérieure à celle des manifestations des deux derniers vendredi à Alger, pourtant déjà impressionnantes. Elle reste cependant difficile à chiffrer, les autorités ne donnant aucune évaluation du nombre de protestataires tandis que certains sur les réseaux sociaux évoquent "peut-être des millions" mais sans source vérifiée.
A Oran et Constantine, respectivement deuxième et troisième villes du pays, la mobilisation était également très supérieure à celle des deux vendredi précédents, ont rapporté à l'AFP des journalistes de médias algériens sur place. Des manifestations de grande ampleur ont été également été signalées dans de nombreuses villes à travers le pays, rapportent des sources sécuritaires, des médias algériens et les réseaux sociaux.
A Alger, les places et principales rues du centre étaient noires de monde et le cortège peinait à avancer en raison de la foule. Les manifestations ont coïncidé avec la célébration du 8 mars, Journée internationale des Femmes.
Nombre d'entre elles figuraient parmi les manifestants de tous âges qui ont défilé dans le calme, aux cris de "Pouvoir, assassin", ou "Pas de cinquième mandat, eh Bouteflika!". "Ils ont les millions, nous sommes des millions", proclamait une pancarte brandie par une femme dans le cortège.
Des manifestations dans tout le pays
Le flot de manifestants n'a cessé de grossir sur la place de la Grande-Poste, déjà bondée à l'issue de la fin de la grande prière musulmane hebdomadaire. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes pour disperser des manifestants qui tentaient de forcer un cordon de police bloquant l'accès à une artère remontant vers la présidence de la République, selon un journaliste de l'AFP. Le site TSA Algérie évoque plusieurs blessés graves.
Vers 17h30, une foule impressionnante était toujours présente, dans une ambiance de kermesse géante, dans le centre d'Alger. Les policiers, initialement présents en nombre, étaient totalement invisibles.
Les précédents cortèges ont tous été pacifiques, un des mots d'ordre de la contestation déclenchée le 22 février, à l'exception de quelques heurts localisés à Alger entre petits groupes de casseurs et policiers.
A Oran, toute la ville "est sortie, c'est du jamais vu"
A Oran, toute la ville "est sortie, c'est du jamais vu", a rapporté un journaliste, faisant état d'une mobilisation beaucoup plus importante que les deux précédents vendredis. Enormément de femmes sont présentes, pratiquement la moitié des manifestants, a-t-il ajouté.
A Constantine, aussi, "il y a une très grosse mobilisation" et "beaucoup plus de monde" que les 22 février et 1er mars, selon un journaliste sur place. Les gens, dont de nombreuses femmes, défilent dans une ambiance bon enfant.
Un journaliste local a également parlé à l'AFP d'une foule "impressionnante" à Annaba, quatrième ville du pays. La mobilisation était également qualifiée d'"impressionnante" à Béjaïa, dans la région de Kabylie, dans le nord du pays.
Des sources sécuritaires ont signalé des marches "massives" à Tizi-Ouzou, autre ville de Kabylie, Tiaret et Mascara (nord-ouest). D'autres manifestations ont été également enregistrées à Ghardaïa (centre), M'sila (nord), Sidi bel Abbes et Tlemcen (nord-ouest), selon ces sources.