Des collaborateurs d'Areva au Niger avaient reçu des menaces sur leur portable

© Reuters/ EXCLUSIF - Plusieurs salariés et sous-traitants d'Aréva avaient reçu sur leur téléphone portable des menaces, quelques semaines avant la prise d'otage des cinq français au Niger. - -
« Nous vous prions de quitter le projet sinon nous vous ferons partir par tous les moyens ». Voilà le type de messages que plusieurs sous-traitants d'Areva au Niger ont reçu sur leurs téléphones portables, quelques semaines avant l'enlèvement de cinq français et deux africains (employés d'Areva et de Vinci).
Selon un salarié expatrié, rentré en France depuis, la situation sur place était devenue tendue. Certains collaborateurs se « croyaient parano ». Aujourd'hui le salarié qui nous a fait part de ces informations est encore sous le choc, il ne veut plus retourner au Niger. Il en veut aussi à Areva de ne pas avoir pris en compte plusieurs signaux d'alarme. Selon lui, le groupe aurait dû prendre plus de précautions, puisque les vigiles privés qui gardaient les résidences n'étaient pas armés. Toujours selon lui, les militaires n'étaient, eux non plus, pas assez présents sur les lieux de vie.
Contacté à ce sujet, le porte-parole d'Areva affirme que le groupe n'a pas eu connaissance de ces menaces. « Invraisemblable », selon le salarié. Il affirme même que l'entreprise chargée de la sécurité d'Areva avait expressément conseillé au personnel concerné d'informer le préfet d'Arlit de la situation.
L'autorité locale aurait d'ailleurs pris l'information au sérieux, considérant que ces messages menaçants avaient des probabilités de provenir d'Aqmi, la mouvance Al Qaïda au Maghreb islamique.
Ecoutez l'intégralité de l'interview du porte-parole d'Aréva, Jacques-Emmanuel Saulnier:
Interrogé sur RMC chez Jean-Jacques Bourdin lundi matin, le porte-parole du groupe Jacques-Emmanuel Saulnier, qui s'exprimait pour la première fois publiquement depuis la prise d'otages, réagit: « Nous n'avions pas ces informations, de même que nous n'avions reçu aucune information spécifique récente laissant à penser qu'une action de cette ampleur, totalement imprévisible et à laquelle aucune entreprise n'a jamais été confrontée [n'allait survenir]. On ne parle pas de petites bandes de quartier, ils [Hervé Morin et Bernard Kouchner] font état de soupçons relatifs à l'Aqmi ».
Il précise que la sûreté des personnels et des installations du groupe au Niger est régie par une convention passée entre les autorités locales et Areva, sous l'autorité du Préfet.