Début des manifestations d'opposants à Vladimir Poutine

Manifestation anti-Poutine à Vladivostok. Les opposants à Vladimir Poutine tentent ce dimanche de relancer leur mouvement en organisant une manifestation qu'ils espèrent massive à Moscou à la veille de son retour officiel au Kremlin. /Photo prise le 6 mai - -
par Alissa de Carbonnel et Timothy Heritage
MOSCOU (Reuters) - Les opposants à Vladimir Poutine, qui espèrent relancer leur mouvement de protestation à la veille de son retour officiel au Kremlin, ont défilé dimanche dans les rues de Vladivostok avant une grande manifestation prévue à Moscou.
Une centaine de manifestants se sont rassemblés sur la place centrale de Vladivostok, selon des témoins, déroulant une bannière sur laquelle on pouvait lire : "Poutine n'est pas notre président", une allusion aux accusations de fraude lors de l'élection présidentielle du 4 mars. Certains ont défilé en portant un cercueil noir sur lequel figurait le mot "démocratie".
Six manifestants ont été arrêtés après le rassemblement, selon des partisans de l'opposition. La police a également arrêté dix manifestants dans la ville de Kourgan, dans l'Oural, et plusieurs ont été emmenés par la police dans la ville de Kemerovo, en Sibérie occidentale, selon des médias russes.
"Poutine a été élu de manière illégitime (...). Nous ne pouvons pas rester silencieux et assister à cette honte", a déclaré Boris Nemtsov, chef de file de l'opposition libérale, avant la manifestation moscovite.
"Les gens qui ne sont pas indifférents nous rejoindront pour montrer à Poutine que son investiture n'est pas un jour férié comme il le pense, ni un sacre, ce sont les funérailles de l'honnêteté politique", a-t-il ajouté.
L'opposition a également prévu d'organiser un "défilé du million" à Moscou ainsi que dans des villes secondaires.
"SOUFFLE RETOMBÉ"
Le souffle de la protestation est toutefois retombé depuis la victoire de Vladimir Poutine dès l'élection présidentielle le 4 mars en Russie. Les rangs des contestataires pourraient être d'autant plus faibles que les Moscovites profitent généralement de ce week-end prolongé, lié à la célébration de la victoire sur l'Allemagne nazie en 1945, pour se rendre à la campagne.
"Le temps des manifestations massives est terminé en l'absence d'événements politiques susceptibles d'entraîner une indignation de masse. Seuls restent les problèmes locaux", a déclaré Alexeï Moukhine, analyste politique au Centre pour l'information politique.
Président de 2000 à 2008 puis Premier ministre de 2008 à 2012, Vladimir Poutine, 59 ans, sera officiellement investi lundi pour un troisième mandat de chef de l'Etat, d'une durée de six ans cette fois. Il recevra également la bénédiction du chef de l'Eglise orthodoxe russe.
"Poutine a été élu de manière illégitime (...) On ne peut pas assister en silence à cette honte", a déclaré l'opposant libéral Boris Nemtsov. "Les gens qui ne sont pas indifférents vont venir montrer à Poutine que son investiture n'est pas la fête nationale qu'il croit, comme un couronnement, (mais) l'enterrement de la politique honnête."
Vladimir Poutine a démenti les accusations de fraude portées aussi bien après le scrutin présidentiel qu'à la suite de la victoire de son parti Russie unie aux législatives du 4 décembre.
UNE MÉDAILLE POUR TCHOUROV
Des utilisateurs des réseaux sociaux sur internet ont rapporté que les autorités de communes à l'extérieur de Moscou tentaient d'empêcher des contestataires de se rendre dans la capitale russe. Selon eux, la police a convoqué des opposants pour des vétilles et en a appelé d'autres pour leur suggérer de ne pas faire le déplacement à Moscou.
Ces actes d'intimidation présumés n'ont pas pu être vérifiés de manière indépendante.
A leur paroxysme, les manifestations contre Vladimir Poutine ont attiré des dizaines de milliers de personnes à Moscou et Saint-Pétersbourg, sans prendre toutefois réellement dans les autres villes de Russie.
La participation devrait être plus faible ce dimanche. La municipalité moscovite a donné son autorisation pour une manifestation de 5.000 personnes jusqu'à une place située face au Kremlin, sur l'autre rive de la Moskova.
Les opposants ont été confortés dans leur opinion selon laquelle les élections ont été truquées lorsqu'ils ont appris que leur bête noire, Vladimir Tchourov, président de la commission électorale, avait été décoré d'une médaille jeudi au Kremlin.
Aucun média n'a assisté à cette cérémonie, dont l'existence a été révélée à l'agence de presse RIA par une source au sein de la commission électorale.
Les partisans de Vladimir Poutine ont décidé de répliquer dimanche avec leur propre rassemblement. Ils attendaient 50.000 personnes dans un parc du sud-est de Moscou.
Le groupe de pirates informatiques Anonymous a pour sa part décidé de manifester à sa manière contre Vladimir Poutine en promettant de s'attaquer à des sites internet gouvernementaux.
Bertrand Boucey et Hélène Duvigneau pour le service français