BFMTV
International

Dans un discours musclé, le pape dénonce les "résistances malveillantes" du Vatican

-

- - Le pape François au Vatican - Illustration Vincenzo Pinto - AFP

Le pape François ne lâche pas sa réforme de la Curie, le gouvernement de l'Eglise. Jeudi, il a affirmé qu'elle ne devait pas se limiter à un simple "lifting" mais inclure, par exemple, l'attribution de postes clefs à des laïcs et des femmes.

Le pontife réformateur adressait jeudi ses traditionnels voeux de Noël aux dirigeants de la Curie. Un exercice pendant lequel il a pris l'habitude d'égratigner les cardinaux et évêques venus l'écouter.

En décembre 2014, dans un réquisitoire virulent, il avait ainsi énuméré 15 "maladies" affligeant la Curie, comme "l'Alzheimer spirituel", "la fossilisation mentale", "la mondanité" ou "la corruption des moeurs".

En décembre 2015, il s'était montré plus encourageant en proposant "des antibiotiques" à ces maladies et en énumérant des "vertus nécessaires" comme "l'honnêteté". 

Les laïcs parfois "plus compétents" que les prêtres

Cette année, le pape François a décliné 12 "critères" guidant la réforme. Il appelle à promouvoir "un personnel venant du monde entier, comprenant des diacres permanents et des fidèles laïcs hommes et femmes, en particulier dans les dicastères (ministères) où ils peuvent être plus compétents" que les prêtres.

"Il est d'une grande importance de valoriser le rôle des femmes et des laïcs dans la vie de l'Eglise et leur intégration dans des rôles moteurs des dicastères", a insisté François.

La très masculine curie compte actuellement deux Italiennes à des postes de responsabilité. Une religieuse sous-secrétaire de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et une laïque sous-secrétaire du Conseil pontifical pour la justice et la paix. 

"Ce ne sont pas les rides que l'Eglise doit redouter mais les tâches!"

Dressant une liste de toutes les décisions réformatrices prises depuis le début de son pontificat, le pape a souligné le sérieux de la réforme. Avant d'ajouter que cette réforme devait s'accompagner d'un "changement de mentalité".

"La réforme n'a pas un objectif esthétique comme si on voulait rendre la Curie plus belle. Elle ne peut pas avoir la forme d'une sorte de lifting, d'un maquillage ou d'une astuce pour embellir le vieux corps de la Curie, encore moins celle d'une opération de chirurgie plastique pour enlever les rides", a lancé le pape.
"Chers frères, ce ne sont pas les rides que l'Eglise doit redouter mais les tâches!" a ajouté ce grand amateur de formules imagées.

Le pontife argentin a également pris acte des différents types de "résistances" que suscite la réforme, estimant d'ailleurs que certaines pouvaient être constructives car "l'absence de réaction est un signe de mort". 

Mais les "résistances cachées" naissent dans des coeurs "pétrifiés", nourris des paroles vides de ceux qui "se disent prêts au changement mais veulent que tout reste comme avant", a critiqué le pape.

"Guérir les maladies de l'âme"

Le souverain pontife a dénoncé les "résistances malveillantes" qui "germent dans des esprits déformés et se présentent quand le démon inspire des intentions méchantes".

Le pape n'a pas évoqué directement une récente lettre explosive de quatre cardinaux exprimant des "doutes" sur son texte phare sur la famille. L'un des signataires, le cardinal américain Raymond Burke, s'est montré particulièrement incisif en déclarant qu'il pourrait demander au pape de "corriger son erreur". 

A la fin de ses voeux, le pape a distribué à chacun le même cadeau de Noël, un livre d'un jésuite du XVIe siècle intitulé "Guérir les maladies de l'âme".

E. H. avec AFP