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Ces têtes d'affiche qui désertent la présidentielle algérienne à cause de la candidature de Bouteflika

Ali Benflis, l'une des principales figures de la politique algérienne, ne se présentera pas.

Ali Benflis, l'une des principales figures de la politique algérienne, ne se présentera pas. - FAROUK BATICHE / AFP

En Algérie, les candidatures les plus sérieuses pour concurrencer celle d'Abdelaziz Bouteflika ont renoncé devant la volonté du camp présidentiel d'aller chercher un cinquième mandat pour son champion, contre vents mauvais et marées populaires. Restent les seconds, voire troisièmes couteaux.

Il y a des candidatures qui suscitent l'enthousiasme, et il y a celle d'Abdelaziz Bouteflika. Non seulement, le maintien de la campagne du président sortant, qui ne sort d'ailleurs plus en public depuis cinq ans et un AVC, ne suscite pas de vocation, mais il a aussi tendance à en décourager. Les principaux concurrents du président en exercice, qui sans avoir de chances réelles de l'emporter disposent au moins d'un certain poids électoral, ont en effet décidé de renoncer à se présenter. 

Ces éponges qu'on jette 

C'est notamment le cas d'Ali Benflis. Cet ex-Premier ministre, entre 2000 et 2003, a par deux fois été candidat à la présidentielle algérienne. A ces deux reprises, il a pris la deuxième position derrière son ancien patron. En 2014, il a récolté 12% des voix environ. Aujourd'hui président de l'Avant-Garde des Liberté, il a choisi de se retirer d'une course qui n'a plus "ni sens ni raison d'être" au vu du mouvement populaire qu'a déclenché la candidature d'Abdelaziz Bouteflika. Désormais partisan d'un boycott du scrutin et d'un renouvellement des institutions, il a déclaré ce mardi sur les ondes de France Info: "S'il n'y a pas un renoncement à la candidature à un cinquième mandat, qui est une candidature à la fois imaginaire et surréaliste, je ne pense pas que la rue se taira". 

Mais son cas n'est pas isolé comme l'a noté ici Le Figaro. Le leader du Mouvement de la Société pour la Paix, lié aux Frères musulmans, Abderrazak Makri avait prévenu. Si Abdelaziz Bouteflika y allait, lui n'irait pas. Il a donc annoncé qu'il s'abstiendrait. Son parti était auparavant un partenaire de l'exécutif au sein d'une coalition présidentielle mais l'alliance a volé en éclat en 2012. 

Abdelaziz Belaïd a lui aussi renoncé, et lui aussi est un transfuge du pouvoir bouteflikien. Et il gravitait plus près encore du chef de l'Etat algérien. En effet, jusqu'en 2011, il militait au Front de Libération Nationale. Il est à présent le dirigeant du Front al-Moustakbel. A noter que sa candidature à la présidentielle 2014 s'était attirée 3% des suffrages exprimés. 

Le cas Nekkaz

A l'inverse, sept candidats ont décidé de se maintenir mais leur profil n'a rien de très inquiétant pour la présidence. Rachid Nekkaz se situe quelque part entre les deux groupes. S'il ne se présentera pas lui-même, ne souscrivant pas aux conditions d'éligibilité, il a envoyé son "cousin mécanicien", d'après sa propre description, et surtout homonyme, déposer sa candidature au Conseil constitutionnel. Ce dépôt, particulièrement rocambolesque dimanche soir, a la vertu de lui laisser entrevoir une ultime possibilité de gouverner l'Algérie.

Sur sa page Facebook, cet homme d'affaires, natif du Val-de-Marne et qui a aspiré à se présenter à la présidentielle française en 2007 et 2012, a ainsi expliqué: "Si mon cousin est élu, on créera immédiatement le poste de vice-président (...) que j'occuperai. Le président-élu (mon cousin) démissionnera aussitôt et je prendrai alors automatiquement le poste de président". 

Des candidatures symboliques 

Le général Ali Ghediri, officier à la retraite et ancien major-général de l'armée de terre entre 2000 et 2015, a lui déposé sa candidature en son nom propre dimanche. Il ne peut cependant se prévaloir ni d'un appareil ni d'une grande notoriété politique. Il s'est signalé à l'attention de l'opinion il y a seulement trois mois via une lettre ouverte "aux aînés" dans le quotidien El Watan

Quatre autres candidats, cités par Le Figaro, vont encore s'aligner en face d'Abdelaziz Bouteflika. Leurs campagnes apparaissent comme peu significatives. On trouve ainsi l'ancien ministre du Tourisme, Abdelkader Bengrina, à la tête du Mouvement El Bina ou Mouvement de la Construction Nationale, Ali Zeghdoud, président du Rassemblement algérien, et Abdelhakim Hamadi, un indépendant de la scène politique locale. 

Robin Verner