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Brésil: des chercheurs d'or accusés d'avoir tué un chef indigène

Un indigène de la communauté Wayapi de la région de l’Amapa, à l’extrême nord du Brésil, en novembre 2017.

Un indigène de la communauté Wayapi de la région de l’Amapa, à l’extrême nord du Brésil, en novembre 2017. - Apu Gomes / AFP

Des mineurs lourdement armés ont envahi un village situé dans une réserve d'indigènes du nord du Brésil la semaine dernière. Des affrontements ont éclaté, durant lesquels un chef indigène de la tribu Waiapi aurait été poignardé.

Un chef indigène est mort après l'invasion d'un village reculé du nord du Brésil par des mineurs lourdement armés, a annoncé dimanche un porte-parole de la police fédérale. Une enquête a été ouverte pour comprendre les circonstances du drame.

"Bain de sang"

La semaine passée, une cinquantaine de mineurs clandestins, des "garimpeiros", ont investi le village de Mariry appartenant à la tribu Waiapi, dans l'État d'Amapa, contraignant ses habitants à fuir, selon des médias locaux. Lors de cette intrusion, un leader indigène a perdu la vie, probablement poignardé. D'après le Telegraph, "le corps de ce dernier a été retrouvé avec des coups de couteau dans une rivière".

Selon les médias locaux également, des habitants sont retournés dans leur village avec l'intention de le reprendre aux mineurs, faisant craindre "un bain de sang". "C'est une situation d'urgence", a alerté Randolfe Rodriguez, un sénateur d'opposition de l'État d'Amapa, sur sa page Facebook.

Aucun témoin

Depuis samedi, une équipe d'agents de la police fédérale est sur les lieux pour enquêter dans cette localité située à environ 300 kilomètres de la capitale de l'État d'Amapa.

D'après Le Monde, "personne n’était encore en mesure de décrire avec précision les faits. Il n’y a eu aucun témoin du drame." Toujours selon le quotidien, les "garimpeiros" se sont ensuite installés dans un village voisin, à Yvytoto en "chassant ses habitants".

Les Waiapi vivent dans une zone reculée de l'Amazonie riche en or, en manganèse, en fer et cuivre. Leur territoire n'est qu'un parmi les centaines délimités par le gouvernement brésilien dans les années 1980 pour l'usage exclusif des indigènes. L'accès en est strictement régulé.

L'offensive de Bolsonaro et des milieux d'affaires 

Les membres de ces tribus de la forêt amazonienne font depuis longtemps face aux pressions des mineurs, des éleveurs de bétail et des bûcherons. Mais les militants luttant pour leurs droits soulignent que les menaces à leur encontre se sont intensifiées depuis que Jair Bolsonaro, qui défend les milieux d'affaires, est devenu président en janvier. 

La nouvelle de l'attaque est d'ailleurs tombée alors que le président d'extrême droite a défendu une nouvelle fois samedi l'exploitation minière en Amazonie, mettant en exergue la grande quantité de minéraux que recèle la région.

Mais le Rio Times rappelle que "toute initiative visant à ouvrir les réserves autochtones à des fins d’exploitation" doit avoir au préalable l’approbation du Congrès brésilien.

E.P avec AFP