Barack Obama poursuit son prudent virage au centre

Lors de son discours sur l'état de l'Union, Barack Obama a poursuivi son prudent virage au centre de l'échiquier politique américain en reprenant certaines mesures soutenues par les républicains. /Photo prise le 25 janvier 2011/Monsivais/Pool - -
par John Whitesides,
WASHINGTON (Reuters) - Le président américain, Barack Obama, a poursuivi mardi son prudent virage au centre de l'échiquier politique américain en reprenant certaines mesures soutenues par les républicains lors de son discours sur l'état de l'Union.
Depuis les élections de mi-mandat du 2 novembre dernier, le chef de l'Etat américain doit composer avec une Chambre des Représentants contrôlée par les républicains et une fine marge de manoeuvre au Sénat.
Réduction du taux de l'impôt sur les sociétés, simplification du système fiscal, fin des "earmarks" : Obama a apporté son soutien à plusieurs propositions qui ont depuis longtemps les faveurs des républicains.
Obama, qui souhaite réduire le déficit en relançant la croissance, a convenu de la nécessité de réduire les dépenses et a proposé un gel sur cinq ans des dépenses fédérales sans aller jusqu'aux coupes budgétaires massives réclamées par les Républicains.
"Les républicains ont la responsabilité de travailler avec nous pour créer de l'emploi plutôt que de perdre du temps avec de vaines politiques politiciennes", a prévenu le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, à l'issue du discours d'Obama.
S'il répond en partie à leurs demandes, le gel des dépenses proposé par Obama ne suffira pas à impressionner les républicains qui ont promis une réduction des dépenses de 100 milliards de dollars sur un an.
"J'apprécie le fait qu'il veuille faire quelque chose concernant les dépenses. Cependant, le gel des dépenses gouvernementales sur cinq ans au regard de la hausse de ces deux dernières années n'est pas suffisante", a réagi le chef des républicains au Sénat, Micth McConnell.
Même scepticisme face aux investissements dans les domaines de la recherche et de l'éducation, soutenus par Obama mais synonymes à leurs yeux de dépenses.
"Quand le président dit 'investissement", il veut dire hausse des impôts", a noté le sénateur républicain Jim DeMint.
LE TON CHANGE, PAS LA POLITIQUE
Pete Sessions, qui a dirigé le comité de campagne républicain pour les élections à la Chambre, remarque un changement de ton mais relève qu'"on ne sait toujours pas s'il va offrir le changement politique que les électeurs ont demandé le jour de l'élection".
Appelés à faire davantage preuve de courtoisie, certains membres du Congrès, une fois n'est pas coutume, ont siégé côte à côte, toutes tendances politiques confondues, en signe de soutien à la représentante Gabrielle Giffords, blessée lors d'une fusillade en Arizona.
"Ce qui ressortira de ce moment sera, non pas de voir si nous pouvons nous asseoir ensemble mais si nous pourrons travailler ensemble demain", a dit Obama.
Entamé après les élections de novembre, le recentrage opéré par Obama lui a permis entre autres de conclure un accord fiscal avec les républicains, de supprimer la loi "Don't ask, don't tell" qui interdisait aux militaires de se dire ouvertement homosexuels, et d'obtenir la ratification du traité Start sur la réduction des armes nucléaires avec la Russie avant la prise de contrôle du Congrès par les républicains début janvier.
Ces victoires, et son vibrant discours après la fusillade en Arizona, lui ont permis de redorer sa cote de popularité.
"Il n'est pas juste en train de se déplacer vers le centre. En se déplaçant vers la droite, il pourrait marginaliser le mouvement du Tea Party", note Paul Sraric, président du département de Sciences politiques à Youngstown State University dans l'Ohio.
Le président de la Chambre de Commerce américaine, Thomas Donohue, a estimé pour sa part que la politique ne devrait pas entrer en compte.
"Les Chambre américaine travaillera avec quiconque partagera ses objectifs et peu nous importe qui en récoltera les fruits", a-t-il dit.
Marine Pennetier pour le service français