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Barack Obama face à l'amertume des Palestiniens

Barack Obama et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah. Le président américain, reçu chaleureusement la veille à Jérusalem, a été accueilli plus froidement jeudi en Cisjordanie par des Palestiniens qui lui reprochent de laisser

Barack Obama et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah. Le président américain, reçu chaleureusement la veille à Jérusalem, a été accueilli plus froidement jeudi en Cisjordanie par des Palestiniens qui lui reprochent de laisser - -

par Steve Holland et Crispian Balmer RAMALLAH, Cisjordanie (Reuters) - Barack Obama, reçu chaleureusement la veille à Jérusalem, a été accueilli plus...

par Steve Holland et Crispian Balmer

RAMALLAH, Cisjordanie (Reuters) - Barack Obama, reçu chaleureusement la veille à Jérusalem, a été accueilli plus froidement jeudi en Cisjordanie par des Palestiniens qui lui reprochent de laisser Israël fouler aux pieds leurs aspirations à un Etat indépendant.

L'hélicoptère du président des Etats-Unis s'est posé à Ramallah où se trouve le siège d'une Autorité palestinienne sans illusions quant à ses intentions concernant le processus de paix.

Cent cinquante manifestants encadrés par un imposant dispositif policier se sont rassemblés aux abords de la présidence palestinienne pour protester contre sa visite.

Si Mahmoud Abbas l'a accueilli avec le sourire, les responsables palestiniens alignés le long du tapis rouge sont restés de marbre, alors que leurs homologues israéliens n'avaient pas caché leur enthousiasme, la vielle, à son arrivée à l'aéroport de Tel Aviv.

Le président des Etats-Unis, qui dit être venu pour de simples consultations, n'a pas caché qu'il n'avait rien de neuf à offrir pour relancer un processus de paix israélo-palestinien au point mort depuis octobre 2010.

Quelques heures avant son arrivée, deux roquettes tirées de la bande de Gaza se sont abattues dans le sud d'Israël, endommageant la cour d'une habitation, rapporte la police. Aucune victime n'a été signalée et les tirs n'ont pas été revendiqués.

"Nous condamnons le recours à la violence contre des civils, quelle que soit son origine, y compris pour les tirs de roquette", déclare Mahmoud Abbas dans un communiqué repris par l'agence de presse Wafa.

Sa première visite officielle au Proche-Orient entamée mercredi à Jérusalem est dominée par le dossier nucléaire iranien et la guerre civile en Syrie. Ses relations souvent houleuses avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ont semblé nettement plus chaleureuses, ce qui n'a guère réjoui en Cisjordanie où on impute l'échec du processus de paix au développement des colonies juives.

Barack Obama devait évidemment évoquer le sujet avec Mahmoud Abbas et prononcer un discours très attendu quelques heures plus tard à Jérusalem devant un parterre d'étudiants triés sur le volet.

S'il nourrissait de grandes ambitions au cours de son premier mandat, dont le premier geste diplomatique a été la nomination d'un représentant spécial pour le Proche-Orient, le locataire de la Maison blanche est aujourd'hui prêt à se satisfaire du minimum.

"Je considérerai qu'il s'agit d'un succès si, vendredi, à mon retour, je peux me dire que j'ai une meilleure compréhension de ce que sont les contraintes", a-t-il déclaré mercredi lors d'une conférence de presse en compagnie de Benjamin Netanyahu.

ENGRANGER DE LA CONFIANCE POUR LA SUITE

Cette visite sans précédent depuis son arrivée à la Maison blanche, qui est aussi la première de son second mandat, a donné lieu à plusieurs manifestations en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, où on lui reproche d'avoir manqué de fermeté en ce qui concerne les colonies.

En 2009, le président américain a clairement réclamé le gel des chantiers dans les implantations juives avant de faire marche arrière. Mercredi, il n'a pas dit un mot sur le sujet.

Des affiches où il apparaît ont été lacérées à Ramallah et à Bethléem tandis que ses détracteurs palestiniens s'épanchaient sur les réseaux sociaux. "N'entrez pas. Le peuple de Palestine ne souhaite pas votre venue ici", pouvait-on lire sur une page Facebook ornée d'un portrait du président barré d'une bande rouge.

Ses hôtes israéliens se sont en revanche félicités de son ferme engagement en faveur de la sécurité de l'Etat d'Israël et de sa promesse de ne pas laisser l'Iran se doter de l'arme atomique, ce dont Benjamin Netanyahu s'est dit "absolument convaincu".

La presse israélienne se montre jeudi très positive au sujet d'Obama, qui a souffert jusqu'ici d'un déficit de confiance auprès de l'opinion locale.

"Quelques détails informels, une plaisanterie ou une moquerie amicale, trois mots en hébreu et nous sommes immédiatement sous le charme d'un homme qui semble pour le moment nous apprécier", écrit l'éditorialiste du Yediot Ahronot.

"Obama est ici pour une raison: engranger de la confiance pour ce qui va suivre. Amener Netanyahu à accepter une nouvelle initiative en faveur du processus de paix sera impossible sans cette confiance", ajoute-t-il.

Le chef du gouvernement israélien a souhaité mercredi que sa visite aide à "tourner une page" dans les relations avec les Palestiniens.

"Israël reste pleinement déterminé à obtenir la paix et une solution à deux Etats pour deux peuples. Nous tendons amicalement la main au peuple palestinien", a-t-il assuré.

A Ramallah, on parle de rhétorique vide et on reste convaincu qu'Obama n'a pas l'intention de s'impliquer davantage dans un dossier sur lequel nombre de ses prédécesseurs se sont cassés les dents.

"Le premier objet de cette visite, c'est la sécurité d'Israël, les relations israélo-américaines (...)", a estimé Hanane Achraoui, membre du Comité exécutif de l'Organisation de la Palestine (OLP).

Après la Cisjordanie, il se rendra en Jordanie avant de repasser par Jérusalem.

Avec Noah Browning à Ramallah, Nidal al Mughrabi à Gaza et Matt Spetalnick, Jean-Philippe Lefief pour le service français