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Attentats: le Parlement va voter la prolongation des frappes aériennes françaises en Syrie

Des avions de chasse Rafale reviennent après une mission sur la Charles de Gaulle le 23 novembre 2015 en Méditerranée

Des avions de chasse Rafale reviennent après une mission sur la Charles de Gaulle le 23 novembre 2015 en Méditerranée - Anne-Christine Poujoulat - AFP

A la suite de l'intensification des frappes de l'armée française en Syrie, le Parlement doit voter mercredi "la prolongation de l'engagement des forces aériennes au dessus du territoire syrien" conformément à l'article 35 de la Constitution et sous les commentaires de l'opposition.

Les parlementaires devraient voter mercredi à une écrasante majorité la prolongation des frappes aériennes en Syrie, décidées début septembre par François Hollande et intensifiées depuis les attentats de Paris, même si la droite cherchera à critiquer la diplomatie présidentielle.

L'art. 35 de la Constitution stipule l'autorisation du Parlement

Les députés dans l'après-midi, puis les sénateurs en début de soirée, sont amenés à se prononcer sur "la prolongation de l’engagement des forces aériennes au-dessus du territoire syrien", aux termes de l'article 35 de la Constitution qui prévoit que, lorsque la durée d'une intervention militaire excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation à l'autorisation du Parlement.

Dans le nouveau contexte post-attentats, ce débat permettra une nouvelle fois à l'exécutif de confirmer que la France est bien "en guerre".

Les pays frappant le groupe EI en Syrie et en Irak
Les pays frappant le groupe EI en Syrie et en Irak © S.Ramis/A.Bommenel, abm/sim, AFP

La diplomatie française en cours d'évolution

De fait, si le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius continue à affirmer que Bachar Al-Assad "ne peut pas être l'avenir de la Syrie", la diplomatie française a "évolué" en faisant de la lutte contre l'organisation jihadiste la priorité absolue, a reconnu récemment la présidente PS de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée, Elisabeth Guigou.

Dans cette situation, nul doute que, moins d'une semaine après le vote de la loi sur l'état d'urgence à une quasi-unanimité (551 voix pour, 6 contre et une abstention à l'Assemblée), la grande majorité des parlementaires voteront la poursuite de l'intervention française, comme c'est généralement le cas lorsque des militaires français sont engagés en opération.

A l'Assemblée, seuls les dix députés Front de gauche ont annoncé qu'ils s'abstiendraient, continuant notamment de regretter que l'engagement des forces françaises ne se fasse pas formellement sous l'égide de l'ONU, selon leur chef de file André Chassaigne. Une "grande partie" des députés écologistes devrait voter pour, selon la co-présidente du groupe écologiste Barbara Pompili, comme la totalité des députés PS et radicaux de gauche.

La droite veut plus de coopération avec Moscou

Dans une position inconfortable depuis les attentats, hésitant entre unité nationale et critiques du gouvernement, le groupe Les Républicains - tout comme l'Union des démocrates et indépendants - soutiendra le "virage" de François Hollande. Mais il entend poser, par la voix de François Fillon qui sera l'orateur du groupe, la question de la coopération avec la Russie.

François Fillon (LR) défend depuis longtemps une alliance avec la Russie, qui a été selon lui "stupidement méprisée" par la France
François Fillon (LR) défend depuis longtemps une alliance avec la Russie, qui a été selon lui "stupidement méprisée" par la France © Fred Tanneau - AFP

"Avec les Russes, se posera clairement la question des sanctions: je n'imagine pas qu'on ait une coalition avec les Russes, qu'on puisse échanger à la fois des renseignements, des données militaires, et en même temps qu'on maintienne les sanctions économiques (...) ça n'aurait vraiment aucun sens", a déclaré mardi le chef de file du groupe LR Christian Jacob.

François Hollande doit donner "des signes tangibles de l'évolution de sa stratégie diplomatico-militaire", a-t-il ajouté.

Le vote des parlementaires intervient d'ailleurs entre le déplacement de François Hollande à Washington mardi et celui à Moscou jeudi pour tenter de créer une "coalition" contre le groupe Daesh, en dépit des divergences avec les Russes sur l'avenir du régime syrien.

Manuel Valls, qui prendra la parole pour le gouvernement au début du débat à 16h00, a évoqué mardi l'hypothèse d'une "coordination" internationale avec les Etats-Unis et la Russie, faute d'une "coalition" qui signifierait une organisation militaire unique avec un seul patron.

Le porte-avions français Charles de Gaulle
Le porte-avions français Charles de Gaulle © P. Dere/P. Defosseux, SIM/SB/FH, AFP

La droite, pour "coopérer" avec Bachar al-Assad

Une partie de plus en plus importante de la droite, dont François Fillon, va aussi jusqu'à militer pour une reprise de la coopération sécuritaire avec Bachar Al-Assad, hypothèse exclue par le gouvernement.

Majorité et opposition de droite devraient se rejoindre pour soutenir l'intervention de troupes au sol de forces de la région, mais sans soldats français, comme l'a encore exclu dimanche Jean-Yves Le Drian.

"Une victoire et une destruction de Daesh passent obligatoirement à un moment donné par une présence au sol (..) cela ne veut pas dire la présence française au sol", a dit le ministre de la Défense. Pour battre Daesh, "il faut des frappes en appui (de la coalition, Ndlr) et des forces au sol" qui peuvent être kurdes ou de l'Armée syrienne libre (ASL), a-t-il ajouté.

A.-F. L. avec AFP