"Parlez sans détour!": le chef des renseignements extérieurs russes humilié par Poutine

Lors du conseil de sécurité retransmis à la télévision lundi, le président russe Vladimir Poutine n'a pas ménagé son chef des renseignements extérieurs, en lui demandant son avis sur l'indépendance des territoires séparatistes du Donbass.

La séquence semble tout droit sortie d'un film. Avant son allocution télévisée, pendant laquelle il a annoncé reconnaître officiellement l'indépendance des territoires séparatistes en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine avait convoqué son conseil de sécurité.

Une réunion retransmise à la télévision, au cours de laquelle on peut voir le président russe mettre en difficulté son directeur du Service des renseignements extérieurs, Serguei Narychkine. Il lui est demandé s'il faut selon lui déclarer l'indépendance des territoires prorusses dans le Donbass.

"Parlez sans détour!"

À la question "qu'est-ce que vous proposez de faire?", le chef des renseignements semble hésitant, et explique qu'il "soutiendra la proposition de reconnaître". Une réponse qui ne semble pas suffire à Vladimir Poutine:

"Vous allez soutenir, ou vous soutenez? Parlez sans détour!" assène-t-il.

Déstabilisé par le dirigeant qui lui demande d'être plus clair dans le choix de ses mots, le directeur du Service des renseignements extérieurs donne alors une réponse pour le moins étonnante:

"Oui, je soutiens la proposition sur l'adhésion des deux républiques de Donetsk et de Lougansk au sein de la Fédération de Russie", déclare Serguei Narychkine.

"Ce n'est pas de ça que nous parlons"

Problème, il n'est pas question ici d'intégrer les deux Républiques à la Russie, mais de reconnaître leur indépendance. Ce que ne manque de lui rappeler Vladimir Poutine en souriant.

"Oui, mais ce n'est pas de ça que nous parlons", s'amuse le président russe.

Le chef du renseignement finira par donner la réponse qui est attendue: oui, il est favorable à la déclaration d'indépendance des territoires séparatistes du Donbass.

Après cet échange humiliant, il est prié de retourner s'assoir. Une séquence qui en dit long sur ce qu'il se passe au Kremlin, et sur la manière dont Vladimir Poutine exerce son pouvoir.

Louis Augry