La Thaïlande accuse le Cambodge de "violation flagrante" du cessez-le-feu

Des soldats thaïlandais dans la province de Surin le 29 juillet 2025 - LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP
La Thaïlande a accusé mercredi le Cambodge de "violation flagrante" du cessez-le-feu en vigueur entre eux après plusieurs jours d'affrontements meurtriers, et affirmé que des soldats cambodgiens avaient lancé une attaque nocturne.
Bangkok et Phnom Penh sont convenus d'un cessez-le-feu, débuté dans la nuit de lundi à mardi, après cinq journées d'échanges de tirs sur leur frontière commune longue de 800 km, sur fond de différend territorial.
Néanmoins, le ministère thaïlandais des Affaires étrangères a annoncé que plusieurs soldats du pays, dans la province de Sisaket (est), avaient été attaqués mercredi matin "par les forces cambodgiennes" équipées d'"armes de petit calibre" et de grenades.
"Cela représente une violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu", a dénoncé le ministère dans un communiqué.
Affrontements nocturnes
Le porte-parole du gouvernement thaïlandais Jirayu Huangsab a également fait état d'affrontements nocturnes dans un communiqué, indiquant que "la partie thaïlandaise (avait) gardé le contrôle de la situation" et que la situation générale le long de la frontière était "normale" depuis 08H00.
Mardi, l'armée thaïlandaise avait déjà accusé ses adversaires d'avoir violé la trêve à de multiples endroits, ce que Phnom Penh a démenti.
Les rancoeurs tenaces entre la Thaïlande et le Cambodge sont liées à un différend territorial hérité de l'époque de l'Indochine française.
Les affrontements ayant eu lieu entre jeudi et lundi, d'une intensité rarement vue ces dernières décennies, se sont étalés sur plusieurs fronts parfois séparés par des centaines de kilomètres. Ils ont fait au moins 43 morts et provoqué le déplacement d'environ 330.000 civils, selon des données actualisées mardi.
Trêve
Le Premier ministre thaïlandais par intérim Phumtham Wechayachai et son homologue cambodgien Hun Manet se sont mis d'accord sur une trêve à la suite d'une médiation malaisienne, encouragée par les Etats-Unis et la Chine.
Mardi, malgré les accusations thaïlandaises à l'encontre de son voisin, des commandants des deux parties se sont rencontrés le long de la frontière, comme prévu par l'accord.
L'armée thaïlandaise a déclaré que des mesures de désescalade avaient été conclues, dont "un arrêt des renforts ou mouvements de troupes qui pourraient conduire à des malentendus".
Plus tard, Maratee Nalita Andamo, porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères, a averti que "la situation (était) toujours fragile".
Les affrontements ont officiellement fait 30 morts côté thaïlandais, dont 15 soldats, et 13 morts, dont cinq militaires, côté cambodgien. Plus de 188.000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 140.000 Cambodgiens ont fait de même, d'après Phnom Penh.
Les deux royaumes ont traversé l'épisode le plus sanglant de leurs relations depuis celui de 2008 à 2011, qui avait causé la mort de 28 personnes.