Qui est Mukesh Ambani, la plus grande fortune d'Asie qui marie son fils en grande pompe ce week-end?

Après sept mois de festivités prénuptiales, c'est une pluie de célébrités qui s'est retrouvée à Bombay pour célébrer le "mariage du siècle" entre Anant Ambani et Radhika Merchant.
Bien qu'inconnues en Europe, ces deux personnalités comptent parmi les plus puissantes d'Inde. Et pour cause: Radhika Merchant est la fille d'un milliardaire qui a fait fortune dans l'industrie pharmaceutique, tandis qu'Anant Ambani n'est autre que le plus jeune fils de Mukesh Ambani, homme le plus riche d'Asie. C'est ce dernier, héritier du conglomérat Reliance Industries, qui organise depuis vendredi ce mariage somptueux.
Et il n'a pas lésiné sur les moyens. L'événement a été précédé de plusieurs soirées de gala extravagantes réunissant des invités triés sur le volet, de l'élite politique, financière et culturelle mondiale. Parmi les heureux invités, on comptait le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, Bill Gates de Microsoft et la fille de l'ancien président américain Donald Trump, Ivanka, avec le spectacle assuré par des stars telles que Rihanna, Katy Perry et Justin Bieber.
Pour Mukesh Ambani, ce mariage extravagant n'est pas une première. Il avait organisé le mariage le plus cher de l'Inde pour sa fille en 2018, d'un coût estimé à 100 millions de dollars, avec un concert de la star américaine de la pop Beyoncé. A chaque fois, ces événements spectaculaires sont pour l'homme d'affaires de 67 ans l'occasion d'exhiber son influence grandissante au sein du monde économique.
123 milliards de dollars
A la tête de Reliance Industries, Mukesh Ambani a transformé en deux décennies ce géant de la pétrochimie dont il a hérité en un empire mondial allant du pétrole, aux télécommunications, en passant par la distribution et le luxe. Avec une fortune estimée à 123 milliards de dollars par le magazine Forbes, celui qui est devenu l'un des hommes les plus puissants d'Asie incarne aujourd'hui le poids économique croissant de l'Inde.
Né en 1957 au Yémen, le futur milliardaire a grandi à Bombay, où son père Dhirubhai gérait une usine de fils qui lui a valu le surnom de "prince du polyester". Quand son fils a rejoint l'entreprise familiale en 1981 après, avoir abandonné un MBA à l'Université de Stanford, l'entreprise se développait rapidement.
Dhirubhai a confié à son fils de 24 ans la construction de la première méga-usine pétrochimique du groupe en Inde, après lui avoir dit selon les médias: "Je ne vais pas vraiment te tenir la main (...) ni te materner pour ce projet". "Si tu y arrives, très bien, si tu ne peux pas le faire, nous trouverons quelqu'un d'autre".
"Mon père a vraiment pris un risque avec moi", a assuré Mukesh Ambani dans une interview télévisée en 2002.
Comme rapporté par Le Figaro, le milliardaire a toujours considéré son père comme un exemple à suivre. En 2017, il expliquait s'en inspirer dans ses relations avec ses enfants. En précisant toutefois qu'il n'a "jamais osé dire à (son père) 'Tu ne comprends pas'". Or "mes enfants me le disent beaucoup. Après une allocution, ma fille Isha m’a déjà dit que j’étais "très ennuyeux"", avait-il déclaré.
Guerre fratricide
A la tête de Reliance, Dhirubhai, ancien pompiste, préparait Mukesh et son plus jeune fils Anil à reprendre son empire, lorsqu'il est décédé subitement en 2002 sans laisser de testament. Sa mort a déclenché une guerre entre les deux frères, forçant leur mère Kokilaben à négocier un accord qui a divisé en deux le conglomérat de plusieurs milliards de dollars.
Mukesh Ambani a hérité des entreprises de l'ancienne économie, le pétrole, le gaz et la pétrochimie, tandis que son jeune frère a pris le contrôle des fournisseurs d'électricité, des télécommunications et des finances. Au moment de la scission du groupe en 2006, de nombreux analystes pensaient qu'Anil - sportif, féru de technologie et marié à une ancienne star de Bollywood - avait hérité de la partie la plus profitable. Mukesh, en revanche, était perçu comme un homme minutieux, se cachant des médias et un père de famille traditionnel, dont l'épouse Nita avait été choisie pour lui par ses parents.
Mais dès 2019, il ne faisait aucun doute que les entreprises de Mukesh avaient prospéré alors que celles de son frère s'effondraient. Ce triomphe a été d'autant plus savoureux qu'il s'est fait au détriment de l'entreprise de télécommunications d'Anil, Reliance Communications, quand Mukesh a déclenché une guerre des prix dans le secteur en lançant son propre réseau mobile, Reliance Jio, en 2016.
En quatre ans, il a fait de Jio le plus grand opérateur mobile du pays, écrasant la concurrence avec une politique de prix agressive. Reliance Communications, comme plusieurs autres concurrents, a vu ses bénéfices fondre, et Anil, déclaré en faillite en 2019 a dû demander de l'aide à son frère aîné pour rembourser ses dettes afin d'éviter la prison.
"Maharaja des temps moderne"
Les ambitions de Mukesh Ambani ne se sont pas arrêtées aux télécoms. Il a exploité l'énorme base d'abonnés de Jio pour lancer des activités de e-commerce en 2020, défiant les géants mondiaux Amazon et Walmart en proposant notamment des marques de luxe. En février, Reliance et Walt Disney ont annoncé la fusion de leurs activités dans les médias en Inde, qui crée un mastodonte valorisé à 8,5 milliards de dollars avec une audience de 750 millions d'Indiens.
A mesure que sa richesse a grandi, sa notoriété a aussi pris de l'ampleur. Symbole de sa richesse, sa nouvelle maison - un gratte-ciel de luxe de 27 étages à Bombay dont la construction aurait coûté plus d'un milliard de dollars - lui a fait gagner le surnom de "maharaja des temps modernes".
Mukesh Ambani a critiqué l'approche occidentale de la philanthropie qui encourage les riches à donner une partie de leur fortune. "Je crois fondamentalement que ce type de charité va contre l'émancipation", a-t-il déclaré en 2011. "Cela augmente la dépendance des gens, réduisant leur esprit d'initiative et d'entreprise".