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Obama - Castro: les 5 temps forts d'un rapprochement historique

Barack Obama, lors de son arrivée au Panama pour le Sommet des Amériques.

Barack Obama, lors de son arrivée au Panama pour le Sommet des Amériques. - Raul Arboleda - AFP

Les présidents américain et cubain, Barack Obama et Raul Castro, se retrouvent ce week-end face à face pour la postérité, lors du Sommet des Amériques, qui se tient en ce moment au Panama. L'occasion, au moins symbolique, de sceller leur rapprochement historique. Retour sur les cinq grandes étapes de ce dégel.

Il y a eu des soupçons. Des gestes symboliques, suivis d'aucun effet. Des mesures amorçant le dégel. Puis l'annonce fracassante de décembre dernier. Souvent rêvée, longtemps considérée comme impossible: les Etats-Unis et Cuba s'apprêtent à réaliser un pas important de plus sur le long chemin de leur rapprochement, annoncé officiellement il y a quatre mois. 

Pour la première fois depuis 1956, des présidents américain et cubain vont se trouver face à face au cours du Sommet des Amériques, qui se déroule actuellement au Panama. D'un moment à un autre, une "interaction", dont la nature n'a pas été précisée, doit intervenir entre Barack Obama et Raul Castro. Une rencontre entre les deux chefs d'Etat qui pourrait, selon les dernières informations, avoir finalement lieu dans la nuit de vendredi à samedi.

Quoi qu'il en soit, les deux hommes se sont entretenus au téléphone avant la tenue de ce sommet qui s'annonce déjà historique, a confirmé une source anonyme au sein de la Maison Blanche. Retour sur les cinq grandes étapes qui ont permis ce réchauffement diplomatique.

1 - Quand Raul succède à Fidel

Après 31 années passées à la tête de Cuba, Fidel Castro se voit contraint, en 2008, de laisser officiellement les rênes du pouvoir à son frère Raul. Si la fratrie est sur la même ligne politique, ce changement au sommet de l'île caribéenne marque la véritable première étape de l'actuel réchauffement avec les Etats-Unis.

Jugé plus "pragmatique", Raul Modesto Castro incarne dès son arrivée à la présidence de Cuba un certain changement. De timides signes de détente sont perçus, et il apparaît clairement que le nouvel homme fort de La Havane souhaite apaiser les relations avec son voisin américain, dans l'espoir d'en finir avec l'embargo économique qui l'étouffe. A ce titre, le plus jeune des deux Castro déclarera officiellement en 2009 vouloir rencontrer Barack Obama, alors tout juste arrivé à la Maison Blanche. Ce qui ne se fera toutefois pas.

2 - L'administration Obama enchaîne les efforts

Quelques mois après le départ de Fidel Castro et le remplacement par son frère, la Maison Blanche repasse du côté des démocrates avec l'élection de Barack Obama, qui prend ses fonctions officiellement en janvier 2009.

Quatre mois après son arrivée à la tête des Etats-Unis, en avril 2009 donc, l'administration Obama annonce quelques assouplissements à l'embargo économique sur Cuba, qualifié de "blocus" par les Cubains. Parmi les nouvelles mesures, les Américains d'origine cubaine sont désormais autorisés à retourner sur l'île une fois par an, et il est possible de procéder à des remesas, des transferts d'argent par mandat vers Cuba. Plusieurs améliorations de ce genre auront lieu durant le premier mandat d'Obama.

3 - Une fugace poignée de mains ultra-médiatisée

Dans les faits, ce petit geste n'a eu aucune incidence. Il est simplement le fruit de l'apaisement des tensions depuis 2009. Mais la puissance de l'image et le symbole qu'il a incarné a fait le tour du monde. 

En décembre 2013, le monde pleure la perte de l'ancien président sud-africain, Nelson Mandela. Les chefs d'Etat du monde entier, ou leurs représentants, sont réunis à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour rendre un ultime hommage à "Madiba". Au cours de cette journée historique, les chemins des présidents cubain et américain vont se croiser, et les deux hommes, furtivement mais sûrement, vont se serrer la main. D'aucuns diront que même mort, Nelson Mandela réalise encore des miracles.

4 - Le rapprochement s'officialise par surprise

Depuis des mois, des efforts et des rencontres sont menés en secret entre Cuba et les Etats-Unis. Un "nouveau chapitre" entre les deux ennemis éternels s'écrit dans les coulisses, et un acteur insoupçonné, en l'occurrence le pape François, sert d'intermédiaire entre les deux parties.

Tout ce travail discret découle sur une annonce aussi surprise que détonante, le mercredi 17 décembre 2014. Dans une allocution solennelle, Barack Obama déclare que les Etats-Unis vont "commencer à normaliser" leurs "relations avec Cuba". La diplomatie reprend ses droits, et une ambassade américaine est censée ouvrir à La Havane "dans les mois à venir".

Aussi historique soit-elle, cette annonce n'est qu'une première étape dans la normalisation d'un conflit vieux de plus de 50 ans et le Débarquement de la baie des Cochons. S'exprimant en même temps que son homologue américain, le président Raul Castro précise alors que la question primordiale du "blocus économique, commercial et financier" n'est pas réglée.

5 - Au Panama pour sceller la réconciliation

Quatre mois après l'officialisation du dégel, les chefs d'Etat américain et cubain se sont salués dans la nuit de vendredi à samedi. Une poignée de mains symbolique, avant un sommet continental historique au Panama qui doit consacrer les récents efforts amorcés entre les deux ennemis de la Guerre froide.

Les deux hommes se sont retrouvés côte à côte ce vendredi soir pour l'ouverture du Sommet des Amériques, puis le seront à nouveau lors d'un dîner officiel. Toutefois, la Maison Blanche a indiqué qu'il faudrait attendre ce samedi pour assister à une véritable conversation entre Obama et Castro. La première entre chefs d'Etat de ces deux pays depuis 1956.

https://twitter.com/jmaccaud Jérémy Maccaud Chef d'édition BFMTV