Face aux journalistes, l'administration Trump présente sa notion de "faits alternatifs"

Une conseillère de Donald Trump défend l'idée de "faits alternatifs" pour comptabiliser la foule présente lors de la prestation de serment du nouveau président des Etats-Unis, vendredi dernier. - Ricky Carioti - AFP
A son arrivée au pouvoir, Donald Trump n'a pas choisi d'arrondir les angles avec la presse, bien au contraire. Samedi, en visite au siège de la CIA, le président américain a évoqué sa "guerre" contre les médias en affirmant que les journalistes faisaient partie "des êtres humains les plus malhonnêtes de la terre". Une référence à la publication par la presse de documents, dont l'authenticité n'a pas été prouvée, affirmant que les services secrets russes auraient des informations compromettantes sur lui.
Une comparaison "honteuse et fausse"
Après les comparaisons entre l'affluence à la cérémonie d'investiture de Donald Trump et à celles de Barack Obama, le 45e président des Etats-Unis, déjà très impopulaire, s'en est à nouveau pris aux médias. Tout en les accusant d'avoir menti, il a assuré: "Honnêtement, cela avait l'air d'un million et demi de personnes, cela allait jusqu'au Washington Monument".
Dans la foulée, le porte-parole de la Maison blanche a renchéri en jugeant cette comparaison "honteuse et fausse". Selon Sean Spicer, la foule présente vendredi "a été la plus importante à avoir jamais assisté à une prestation de serment, point final". Les autorités de Washington ne communiquent traditionnellement pas d'estimations de foule. Pour comparer, il faut donc visualiser les photos aériennes des deux cérémonies, comme l'ont fait le New York Times et CNN. De toute évidence, l'investiture de Barack Obama en 2009 avait rassemblé bien plus de monde que celle de Donald Trump.
Les "faits alternatifs" du porte-parole
La bataille des chiffres aurait pu s'arrêter là mais dimanche Kellyane Conway, conseillère du président, en rajoute une couche. Face à un journaliste de NBC, elle présente la notion de "faits alternatifs":
"On ne peut jamais vraiment quantifier une foule. Nous savons tout ça. Vous pouvez vous moquer autant que vous voulez, je pense que cela symbolise la façon dont nous sommes traités par la presse. Ne surdramatisez pas. Vous dites des choses fausses, et notre porte-parole a donné des faits alternatifs".
Face à cette théorie, le journaliste rappelle que "les faits alternatifs ne sont pas des faits, ce sont des mensonges". Pendant sa campagne, Donald Trump n'a pas hésité à mentir à plusieurs reprises, nourrissant la notion de "post-vérité" ou "post-truth" en anglais. Le dictionnaire britannique Oxford a d'ailleurs désigné ce terme mot de l'année 2016.