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"Rien ne pointe vers un second tireur": ce que révèlent les dernières archives publiées sur l'assassinat de Kennedy

Photo prise juste avant l'assassinat de John F. Kennedy à Dallas en 1963

Photo prise juste avant l'assassinat de John F. Kennedy à Dallas en 1963 - AFP

Ce mardi 18 mars, environ 2.200 documents représentant quelque 64.000 pages ont été publiés par les Archives nationales américaines. Le nouvel épisode d'un feuilleton tenant en haleine le pays depuis plus de 60 ans.

Que s'est-il passé exactement le 22 novembre 1963 à Dallas? Lee Harvey Oswald était-il réellement le seul tireur impliqué dans l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy? Que savait exactement la CIA de lui avant qu'il ne fasse basculer l'histoire américaine? Depuis plus de 60 ans, ces questions alimentent théories et fantasmes, nourrissent documentaires et livres.

Après la signature d'un décret par Donald Trump en janvier dernier, cette frénésie a trouvé un nouveau carburant avec la divulgation mardi 18 mars d'environ 2.200 fichiers soit 64.000 pages supplémentaires portant sur l'assassinat du 35e président américain. En réalité, une partie de ces documents avaient déjà été publiés dans des versions expurgées et cette manne vient s'ajouter aux millions de pages déjà révélées au cours des dernières décennies.

"C'est le développement le plus palpitant concernant les archives sur la mort de JFK depuis les années 1990", a résumé pour la BBC Jefferson Morley, ancien reporter du Washington Post et aux manettes du blog JFK Facts.

Un Oswald sous surveillance

Depuis, tous les spécialistes de l'événement se pressent pour parcourir ces pages, dans l'espoir notamment de trouver des éléments remettant en cause les conclusions de la fameuse commission Warren, selon lesquelles Lee Harvey Oswald a agi seul.

Pour l'heure, aucune information figurant dans ces documents ne vient contredire le fait que Lee Harvey Oswald est l'unique personne à avoir fait feu depuis le Texas School Book Depository sur la décapotable présidentielle circulant sur Elm Street. "Rien ne pointe vers un second tireur", résume à Associated Press Philip Shenon, auteur en 2013 intitulé Anatomie d'un assassinat: L'Histoire secrète de la mort de JFK.

Experts et historiens s'attendent cependant à en apprendre davantage sur ce que la CIA et le FBI savaient d'Oswald, un ancien tireur d'élite des Marines passé par l'URSS. Comme le rappelle Philip Shenon, des documents publiés précédemment montraient que la CIA surveillait Lee Harvey Oswald alors qu'il était à Mexico, en septembre 1963.

"Il y a lieu de croire qu'il parlait ouvertement de tuer Kennedy quant il se trouvait à Mexico et que des personnes l'ont entendu", explique Philip Shenon. "Pourquoi les agences de renseignement n'ont pas agi avec les informations qu'ils avaient déjà sous la main?"

Un catalogue de "mauvaises actions" de la CIA

Cette nouvelle fournée de documents permet en revanche d'en apprendre davantage sur les relations de JFK avec la CIA avant sa mort. Dans un mémorandum, son conseiller Arthur Schlesinger met ainsi en garde le président sur l'influence de l'agence de renseignement sur la politique étrangère américaine, souligne la BBC.

Un résumé d'un rapport de 693 pages de la CIA datant de 1975 fait ainsi mention de cas où l'agence "aurait outrepassé son mandat". Il fait également référence à des chefs de station, à des cambriolages à l'étranger, à des surveillances illégales et à diverses opérations "extrêmement sensibles". "C'est un véritable catalogue de 'mauvaises actions' de l'agence", explique au New York Times David J. Garrow, historien spécialiste du monde du renseignement.

Comme le rappelle le quotidien new-yorkais, plus de 99% des documents en rapport avec l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy ont désormais été publiés. Jefferson Morley précise néanmoins qu'il reste des pages sommeillant dans les placards des Archives nationales tandis que d'autres documents sont entre les mains de la CIA et du FBI. De quoi continuer de faire vivre les théories du complot.

"Chaque assassinat suscite des débats et, dans une certaine mesure, des théories du complot", explique à la BBC David Barrett, historien à l'université de Villanova et spécialiste de la CIA. "Les documents venant d'être publiés ou d'autres à venir n'y changeront rien."

Vincent Gautier