Primaires américaines: Clinton essuie une cuisante défaite dans le New Hampshire

Première défaite cuisante pour Hillary Clinton dans une campagne imprévisible. L'ancienne secrétaire d'Etat américaine a été largement battue mardi par son rival Bernie Sanders lors de la primaire démocrate du New Hampshire.
Porté - comme Donald Trump, gagnant de la primaire républicaine dans cet Etat - par la colère de certains électeurs américains, le sénateur "démocrate-socialiste" de 74 ans, qui avait démarré sa campagne sans argent et sans soutien il y a neuf mois, a remporté 59% des suffrages démocrates, contre 39% à Hillary Clinton, selon des résultats partiels portant sur 75% des votes.
"Les gens veulent un vrai changement", a déclaré Bernie Sanders, grand pourfendeur de Wall Street et apôtre d'une révolution politique. "Les gens du New Hampshire ont envoyé un profond message à l'establishment politique", a-t-il ajouté.
L'ancienne secrétaire d'Etat a reconnu qu'elle avait encore du travail à faire, notamment chez les jeunes, et a promis de se battre "pour chaque vote, dans chaque Etat". Elle était donnée perdante dans le New Hampshire, voisin de l'Etat du Vermont dont Bernie Sanders est sénateur, mais espérait un écart moindre.
La défaite d'Hillary Clinton est d'autant plus cuisante qu'elle avait gagné le New Hampshire en 2008 face à Barack Obama. Son mari, l'ancien président Bill Clinton, était venu ces derniers jours appuyer sa campagne, critiquant violemment Bernie Sanders.
L'équipe Clinton atténue la valeur du scrutin
Après cette défaite sans appel, l'équipe Clinton a immédiatement atténué la valeur symbolique du scrutin en parlant arithmétique: "l'investiture se gagnera très probablement en mars, pas en février", a écrit Robby Mook, directeur de campagne d'Hillary Clinton, dans une note diffusée à la presse.
Vingt-huit Etats voteront en mars, avec plus de la moitié des délégués à la clé -notamment la Caroline du Sud, le Texas, la Georgie, l'Alabama, où les minorités noires et hispaniques représentent une majorité des électeurs démocrates. Or, depuis la présidence de Bill Clinton dans les années 1990, les liens entre les Clinton et les Noirs ont été quasiment indéfectibles, avec l'exception Barack Obama en 2008.
"Avant les primaires, on prévoyait que l'Iowa et le New Hampshire seraient deux des trois meilleurs Etats pour Bernie Sanders, avec son Etat du Vermont", dit Kyle Kondik, qui prévient que l'image nationale d'Hillary Clinton pourrait toutefois souffrir de la défaite. Mais le retard de popularité de Bernie Sanders dans le Sud est attesté par plusieurs sondages. Il a 37 points de retard sur la démocrate en Caroline du Sud, selon un sondage NBC.
Trump gagnant dans le camp républicain
Côté républicain, Donald Trump, le milliardaire de l'immobilier dénonçant l'incompétence des dirigeants politiques à coup de déclarations incendiaires, a dominé, obtenant 34% des voix, alors qu'aucun rival ne se détachait réellement.
John Kasich, gouverneur modéré de l'Ohio, est arrivé deuxième des républicains à 16%. Le sénateur ultra-conservateur du Texas Ted Cruz, gagnant de l'Iowa, est arrivé 3e à 12%, talonné par l'ancien gouverneur de Floride Jeb Bush. Le télégénique sénateur de Floride Marco Rubio, qui s'est ridiculisé samedi dans un débat républicain en répétant mécaniquement la même phrase critiquant Barack Obama, a expliqué sa cinquième place par ce mauvais débat. Le gouverneur républicain du New Jersey, Chris Christie, arrivé 6e, a lui annoncé qu'il rentrait chez lui.
Participation massive
Le tout petit New Hampshire (1,3 million d'habitants) était le deuxième Etat américain à voter dans le long processus, Etat par Etat, qui va permettre de désigner cet été les deux candidats, démocrate et républicain, à la Maison Blanche. Déjà, Hillary Clinton ne l'avait emporté que d'un cheveu dans l'Iowa devant Bernie Sanders.
En dépit de la neige et du froid, la participation a été massive. L'Etat du New Hampshire est très important de par sa deuxième place dans le processus des primaires présidentielles américaines: c'est lui qui donne une tendance, contraint les plus faibles à l'abandon.
Après le vote de mardi, la bataille des primaires est assurée de durer, tant chez les républicains que chez les démocrates. Les cartes pourraient encore être rebattues, si l'ancien maire de New York Michael Bloomberg décidait, comme il l'a envisagé, de se lancer comme indépendant. Les regards vont désormais se tourner vers le Nevada et la Caroline du Sud, prochains Etats à voter fin février.