Hillary Clinton prête pour "le travail le plus difficile du monde"

Hillary Clinton et son rival Bernie Sanders, le 17 janvier 2016, lors du quatrième et dernier débat démocrate, à Charleston, en Caroline du Sud. - Timothy A. Clary - AFP
Il s'agissait de l'ultime affrontement entre les candidats démocrates avant les primaires en vue de la présidentielle américaine. Hillary Clinton, favorite des sondages, s'est présentée dimanche soir aux Américains comme la candidate la mieux armée pour succéder à Barack Obama, lors d'un débat télévisé où elle a dû repousser de multiples attaques lancées depuis sa gauche par un Bernie Sanders pugnace.
"Nous avons besoin d'une présidente qui sache faire tous les aspects du travail"
C'était la dernière fois que les candidats démocrates se retrouvaient sur la même scène, avant le début des primaires, le 1er février dans l'Iowa puis le 9 février dans le New Hampshire, alors que le sénateur du Vermont a rattrapé l'ex-secrétaire d'Etat dans ces deux Etats, selon les sondages publiés depuis une semaine. Hillary Clinton conserve toutefois l'avantage au niveau national.
L'ascension de Bernie Sanders a surpris le camp Clinton, et a mis fin à la relative amabilité entre les deux candidats. La stratégie de l'ancienne chef de la diplomatie consiste à se présenter comme la candidate la plus capable de gérer un pays polarisé. "Nous avons besoin d'une présidente qui sache faire tous les aspects du travail. Je comprends à quel point c'est le travail le plus difficile du monde, je suis préparée et prête à m'y atteler", a déclaré Hillary Clinton.
Affrontement sur l'assurance-maladie
La démocrate a volé dans les plumes du sénateur de 74 ans sur un sujet a priori consensuel chez les démocrates: sa proposition de créer une assurance-maladie publique et universelle, en excluant les assurances privées du marché. Hillary Clinton a argué qu'il serait dangereux de "mettre en pièces" la réforme signée Barack Obama et de rouvrir un débat aussi sensible. "L'assurance maladie devrait être un droit pour chaque homme, femme et enfant", a martelé Bernie Sanders, en affirmant épouser la vision de Franklin Roosevelt et Harry Truman, deux illustres présidents démocrates.
Mais sa proposition a un coût très élevé, qui doublerait le budget fédéral, et que le "socialiste démocrate" financerait par de nouveaux impôts, notamment sur les très riches. Hillary Clinton a critiqué l'irresponsabilité budgétaire d'une telle refonte. "Je suis la seule candidate à avoir promis de ne pas augmenter les impôts sur la classe moyenne", a répété la candidate.
Face aux coups, la défense solide de Clinton
Mais c'est justement l'ambitieuse "révolution politique" de Bernie Sanders qui galvanise ses partisans. Il dénonce un système économique "truqué", manipulé par Wall Street et les lobbies, et condamne la collusion des hommes politiques avec le secteur financier, visant Hillary Clinton et ses réseaux new-yorkais. Le sénateur en a fait le fil rouge "le vrai problème, c'est que le Congrès appartient aux puissances de l'argent", une antienne scandée avec efficacité tout au long de la soirée.
Mais Hillary Clinton a su faire porter ses coups, solide comme lors des trois précédentes émissions. Sur la finance, elle a noté que son programme s'attaquerait à tout le secteur financier, pas seulement les banques. Elle a rappelé que Bernie Sanders avait voté pour donner une immunité judiciaire aux fabricants d'armes en 2005. Sous pression, il a dû désavouer ce vote samedi. "Il a voté pour la NRA et le lobby des armes à de nombreuses reprises", a-t-elle dit. Et sur les questions de politique étrangère, elle a démontré son aisance, forte de ses quatre années à la tête de la diplomatie américaine. Elle a également multiplié les expressions d'admiration à Barack Obama.
Les candidats ont désormais deux semaines de campagne avant le premier test, le 1er février lors des "caucus" de l'Iowa. En 2008, Hillary Clinton y avait terminé troisième, derrière Barack Obama et le sénateur John Edwards.