États-Unis: des élus démocrates fuient le Texas pour empêcher le vote du redécoupage électoral

Le gouverneur de l'Ilinois JB. Pritzker (à gauche) et l'élu à la Chambre des représentants du Texas, Trey Martinez Fischer (au centre), le 3 août 2025. - SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Opposés au redécoupage électoral défendu par les républicains au Texas et appelé de ses voeux par Donald Trump, les élus démocrates de la Chambre des représentants de cet État ont opté ce dimanche 3 août pour une solution radicale: fuir l'État.
Selon des médias tel que le Washington Post ou Politico, une cinquantaine d'entre eux ont franchi les frontières du Texas et ont pour la plupart rejoint l'Illinois. L'objectif est ne pas participer au vote de ce lundi, organisé dans le cadre d'une session spéciale convoquée par le gouverneur Greg Abbott.
Ce vote vise à redécouper la carte électorale afin de favoriser les candidats républicains qui se présenteront en vue d'un siège au Congrès. Actuellement, les élus du "Grand Old Party" occupent 25 des 38 sièges texans à la Chambre des représentants. Les nouveaux contours permettraient aux républicains d'en obtenir cinq de plus, ce qui pourrait s'avérer capital en vue des élections de mi-mandat qui se tiendront en novembre 2026.
Pour Trump, éviter un "remake" de 2018
Actuellement, les républicains disposent d'une très courte majorité, avec 219 sièges sur 435. Les élections de mi-mandat étant généralement peu favorables pour le camp du président en place, le risque de perdre la main à la Chambre des représentants est donc grand pour le parti et pour Donald Trump. Le président américain avait connu une déconvenue de cet ordre durant son premier mandat, en 2018.
Mais pour que ce redécoupage puisse devenir réalité, encore faut-il que la Chambre des représentants du Texas se prononce en sa faveur. Pour qu'un vote puisse avoir lieu dans cette assemblée, il fait qu'au moins deux tiers des 150 élus soient présents pour atteindre le quorum. Les démocrates étant en minorité mais détenant tout de même 62 sièges, leur absence empêche théoriquement l'adoption du moindre projet de loi.
Fuir le Texas n'est "pas une décision que nous prenons à la légère, mais c’est une décision que nous prenons avec une clarté morale absolue", a expliqué dans un communiqué Gene Wu, le président du groupe d'élus démocrates.
"Nous ne renonçons pas à nos responsabilités", a-t-il ajouté. "Nous abandonnons un système truqué qui refuse d’écouter les citoyens que nous représentons".
Le gouverneur menace les élus de destitution
La décision des élus démocrates de quitter le Texas pour ne pas avoir à prendre part au vote les expose cependant à une amende pouvant atteindre 500 dollars (432 euros) par jour d'absence. La Cour suprême du Texas a également statué en 2021 que la Chambre des représentants de l'État pouvait contraindre physiquement les élus absents à se présenter.
Les démocrates qui "tentent de s’enfuir comme des lâches devraient être retrouvés, arrêtés et ramenés au Capitole immédiatement", a menacé le procureur général du Texas Ken Paxton.
De son côté, dans un communiqué publié dimanche, le gouverneur Greg Abbott a menacé de demander la destitution des représentants démocrates ayant quitté l'État. "Il faut mettre fin maintenant à cette absence injustifiée", a-t-il résumé.
Ce n'est pas la première fois que les démocrates texans ont recours à cette stratégie pour bloquer une réforme. Mais en 2003, déjà pour un texte sur un redécoupage électoral, ainsi qu'en 2021, cela n'avait pas empêché les projets de loi d'être finalement adoptés.
Reste alors l'arme de la riposte pour les démocrates. Plusieurs gouverneurs démocrates ont annoncé leur intention de revoir à leur tour le dessin de la carte électorale dans leur État. C'est le cas par exemple de Gavin Newsom, en Californie. Mais à l'inverse du Texas, où le processus légal permet ce redécoupage relativement facilement, les Etats démocrates ont pour beaucoup mis en place des garde-fous législatifs voire constitutionnels pour compliquer ce processus.