BFMTV
Donald Trump

Donald Trump fait un lien entre autisme et paracétamol durant la grossesse, malgré l'absence de preuves scientifiques

Le président américain Donald Trump, aux côtés du secrétaire à la Santé et aux Services sociaux Robert F. Kennedy Jr., s'exprime sur l'autisme dans la salle Roosevelt de la Maison Blanche à Washington, DC, le 22 septembre 2025.

Le président américain Donald Trump, aux côtés du secrétaire à la Santé et aux Services sociaux Robert F. Kennedy Jr., s'exprime sur l'autisme dans la salle Roosevelt de la Maison Blanche à Washington, DC, le 22 septembre 2025. - SAUL LOEB

Connu pour ses déclarations chocs dans le domaine de la santé, Donald Trump a remis en question les bénéfices du paracétamol et du vaccin contre l'hépatite B, lors d'une conférence dédiée à l'autisme, l'un de ses grands sujets de préoccupation.

Entre assertions sans fondement scientifique et expertise médicale improvisée, Donald Trump a, depuis la Maison Blanche, rejoué ce lundi 22 septembre avec l'autisme une carte déjà abattue lors de son premier mandat au sujet du Covid-19.

À l'époque, il avait suggéré qu'avaler du désinfectant suffirait à se débarrasser du coronavirus. Cinq ans plus tard, les affirmations du président américain ont encore stupéfié les journalistes.

Avec la santé de millions de personnes en jeu, il a exhorté lundi les femmes enceintes à ne pas prendre de paracétamol. "Selon une rumeur - et j'ignore si c'est le cas - ils n'ont pas de paracétamol à Cuba car ils n'ont pas de quoi s'offrir de paracétamol. Eh bien ils n'ont quasiment pas d'autisme", a lancé Donald Trumplors d'une conférence de presse à la Maison Blanche.

"Prenez les Amish, par exemple. Ils n'ont pratiquement pas d'autisme", a-t-il insisté, en référence à une communauté américaine connue pour son train de vie extrêmement traditionnel, entre charrettes tirées par des chevaux et rejet de la technologie moderne.

Se tournant vers son ministre de Santé, le très vaccinosceptique Robert Kennedy Jr., il a ajouté: "Bobby veut être très prudent dans ses propos. Je ne suis pas aussi prudent".

"N'en prenez pas"

Lors de sa conférence dédiée à l'autisme, l'un de ses grands sujets de préoccupation, Donald Trump, a aussi eu du mal à prononcer "acétaminophène", ou paracétamol, l'ingrédient actif du tylenol, qu'il a déconseillé aux femmes enceintes.

"N'en prenez pas", a-t-il insisté à plusieurs reprises, invitant les femmes à "tenir bon", sans donner de solutions à la fièvre qui pourrait les toucher, elles ou le bébé qu'elles portent.

Présent dans des antalgiques très largement utilisés comme le doliprane, le dafalgan ou encore le tylenol (aux États-Unis ou au Canada), le paracétamol ou acétaminophène est recommandé aux femmes enceintes contre la douleur ou la fièvre, d'autres médicaments comme l'aspirine ou l'ibuprofène étant eux contre-indiqués, notamment en fin de grossesse.

Le lier à l'autisme serait "très irresponsable et potentiellement dangereux", avaient prévenu début septembre des dizaines de scientifiques américains spécialistes de l'autisme alors que le Wall Street Journal avait évoqué cette piste. "La science est bien plus nuancée et incertaine", avaient-ils insisté, prévenant qu'une telle annonce sèmerait "confusion et peur".

Des études divergentes

La question d'un lien entre la prise de paracétamol lors d'une grossesse et les troubles du neurodéveloppement chez l'enfant n'a en effet "rien de nouveau", relève pour l'AFP David Mandell, professeur en psychiatrie à l'université de Pennsylvanie. De nombreuses études ont été menées sur le sujet, avec des résultats divergents.

Une vaste étude menée sur plus de 2 millions d'enfants et publiée en 2024 dans la prestigieuse revue médicale Jama avait ainsi écarté ce risque. Mais cet été, une analyse de précédentes études a abouti à une conclusion inverse, ses auteurs prévenant toutefois que des études supplémentaires étaient nécessaires pour confirmer un lien possible.

L'une des difficultés rencontrées par les chercheurs vient du fait qu'il est difficile de distinguer les effets de la prise de ce médicament des raisons pour lesquelles il est pris, explique David Mandell.


"On sait que la fièvre (...) peut augmenter le risque de retard et de troubles du développement neurologique", pointe-t-il. "Il faut donc être très prudent lorsqu'on essaie de déterminer lequel de ces deux facteurs est responsable de l'augmentation du risque d'autisme."

L'administration Trump a également promu lundi la prise d'acide folinique comme traitement potentiel contre certaines formes d'autisme, une piste prometteuse mais qui nécessite davantage de recherche selon des experts.

Vaccin contre l'hépatite B, inutile pour les nourrissons ?

Lundi, le président lui-même a remis en cause le bénéfice et la sûreté des vaccins, suggérant que les personnes qui ne prennent pas de médicaments et ne se font pas vacciner n'ont pas d'autisme.

"L'hépatite B se transmet par voie sexuelle. Il n'y a aucune raison de vacciner contre l'hépatite B un bébé qui vient à peine de naître. Je dirais donc d'attendre que le bébé ait 12 ans et soit bien développé", a ainsi assuré le républicain lors d'un événement consacré à l'autisme à la Maison Blanche.

La vaccination des nouveau-nés contre l'hépatite B est recommandée aux États-Unis comme dans de nombreux autres pays en raison notamment de la possibilité que l'enfant soit contaminé par sa mère lors de la grossesse ou l'accouchement. "Ils injectent tellement de choses à ces beaux petits bébés, c'est une honte", a-t-il déclaré. "On dirait qu'ils injectent un cheval".

Donald Trump a également préconisé un espacement plus important entre les vaccins infantiles, qui constituent pourtant depuis des décennies la pierre angulaire des programmes de santé publique à travers le monde. Avant de préciser: "Je ne suis pas médecin, mais je donne mon avis".

O.E avec AFP