Charlottesville: le maire de New York veut retirer une inscription en l'honneur de Pétain sur Broadway

Exemple d'un "ticker tape parade" en l'honneur en l'honneur des astronautes d'Apollo 11, en août 1969. - WIKIMEDIA
Après les événements de Charlottesville, les Etats-Unis procèdent à un grand nettoyage de monuments, statues ou plaques célébrant des idoles rétrospectivement jugées racistes. Emboîtant le pas à son homologue, la maire de Baltimore qui a fait retirer dans la nuit de mardi à mercredi les statues de militaires confédérés, Bill de Blasio s'attaque à une inscription granitique en l'honneur du maréchal Philippe Pétain, scellée sur Broadway à New York, dans un endroit appelé le "Canyon of heroes".
"Après les événements violents de Charlottesville, la ville de New York va étudier tous les symboles de haine présents sur son territoire", a tweeté le maire de New York, Bill de Blasio. Dans un second tweet, il ajoute: "La plaque commémorative en l'honneur du maréchal Pétain, collaborateur nazi, située sur la promenade du 'Canyon of Heroes', sera la première que nous retirerons."
Bien entendu, cette plaque posée entre les deux guerres mondiales célébrait le héros de Verdun et non le collaborateur de l'Etat français. Comme les autres noms apposés sur la célèbre avenue, le maréchal français avait eu l'honneur d'une parade sur la célèbre avenue, en 1931 et ainsi obtenu son "ticker tape parade" sur le trottoir. Mais après Vichy, était-il cohérent qu'elle reste à côté de celles de De Gaulle, Churchill ou Eisenhower?
Faut-il aussi faire descendre Washington de son piédestal?
Jusqu'où ira cette "repentance" américaine? C'est la question qui fâche. Un twittos répond immédiatement au maire en lui demandant s'il "enverra la Gestapo du politiquement correct pour mettre à bas la statue de ce fier général". Dans l'image jointe au message, on comprend qu'il s'agit de l'image de George Washington, à Wall Street.
Traditionnellement désigné comme le "père de la nation", ce personnage ô combien historique, héros de la guerre d'Indépendance américaine et premier président des Etats Unis, possédait des esclaves, même s'il était partisan d'une abolition progressive et qu'il les a affranchis à sa mort. Et que dire de Jefferson, troisième président des Etats-Unis qui, lui aussi, possédait des esclaves.
Par delà la provocation, la question est posée de savoir quels symboles doivent être mis à bas et quels autres doivent rester. Selon les officiels new-yorkais, dont les propos sont rapportés par le New York Post, un panel "d'experts et de leaders communautaires" va être chargé de définir les critères et d'émettre des recommandations sur les symboles à retirer de l'espace public. "C'est le début d'un travail qui se situera sur le long terme, à propos de l'évaluation des structures publiques et des œuvres artistiques publiques controversées", déclare le porte-parole de la mairie Eric Philipps.
Selon un rapport en 2016 du Southern Poverty Law Center (SPLC), spécialisé dans les mouvements extrémistes et les droits civiques, plus de 1.500 symboles confédérés demeurent encore dans l'espace public aux Etats-Unis, la plupart dans le sud. Ce chiffre inclut plus d'une centaine d'écoles publiques.
Pour l'anecdote, Pierre Laval, autre figure de la collaboration avec l'Allemagne Nazie, possède aussi son "ticker tape" sur le "Canyon of heroes". Il ne fait guère de doute qu'il soit le prochain sur la liste à être retiré.