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États-Unis

Assassinat de Martin Luther-King: des milliers de documents déclassifiés, les historiens notent peu de nouvelles révélations

Martin Luther-King le 28 août 1963 au Mall de Washington

Martin Luther-King le 28 août 1963 au Mall de Washington - - © 2019 AFP

La famille du leader américain des droits civiques, assassiné en 1968, s'inquiète d'un possible détournement des quelque 230.000 pages d'archives rendues publiques ce lundi 21 juillet par l'administration Trump. Pour elle, le FBI a "gonflé" ou "fabriqué" des documents à l'époque.

230.000 pages d'archives rendues publiques. L'administration de Donald Trump a déclassifié ce lundi 21 juillet des milliers d'archives portant sur l'assassinat de Martin Luther-King en 1968, malgré les inquiétudes exprimées par la famille du leader des droits civiques.

Le président américain a ordonné le 23 janvier par décret la déclassification des archives gouvernementales sur l'assassinat du président John F. Kennedy en 1963, ainsi que sur ceux de son frère Robert F. Kennedy, dit Bobby, et de Martin Luther-King Jr en 1968.

Les 230.000 pages publiées ce lundi portent notamment sur l'enquête du FBI, la police fédérale, sur la traque internationale de l'assassin présumé de Martin Luther-King, ou encore sur le témoignage d'un de ses codétenus, selon un communiqué de la directrice du Renseignement national américain, Tulsi Gabbard, à l'origine de l'annonce.

Peu de nouvelles informations selon les historiens

Pourtant, malgré cette manne de documents, peu font en réalité évoluer la perspective qu'ont les historiens sur cette affaire, selon le New York Times. Ces derniers pointent du doigt que les documents ne comprennent pas, par exemple, les enregistrements d'écoutes téléphoniques de Martin Luther-King faites par le FBI, ainsi d'autres documents qui resteront sous scellé jusqu'en 2027.

Dans un communiqué, les enfants du célèbre défenseur des droits civiques s'inquiètent d'un possible détournement de la publication de ces documents afin "d'attaquer sa postérité ou les réalisations du mouvement".

De son vivant, Martin Luther-King était visé par une "campagne de désinformation et de surveillance" orchestrée par le directeur du FBI de l'époque, le puissant John Edgar Hoover, destinée à "discréditer sa réputation et plus généralement celle du mouvement pour les droits civiques", rappellent-ils.

Des documents "jamais numérisés"

D'autant que comme le rappelle dans le New York Times Larry J. Sabato, directeur du Centre de politique de l'Université de Virginie qui a examiné les nouveaux documents ce lundi avec sa propre équipe de chercheurs, "il faut lire cela attentivement et ne pas le prendre pour argent comptant"

"Je suis sceptique quant à tout ce que je lis dans les dossiers du FBI sur M.L.K. Il voulait des informations sur M.L.K., ses mouvements et ses associés", déclare Larry J. Sabato,

Ce dernier ajoute, selon le journal américain, qu'il soupçonnait les agents d'avoir "gonflé" ou "fabriqué" des documents pour plaire à Hoover, le directeur de longue date de l'agence.

Les proches de Martin Luther-King réaffirment par ailleurs ne pas croire à la culpabilité de James Earl Ray, un ségrégationniste blanc condamné pour cet assassinat, perpétré le 4 avril 1968 sur le balcon d'un motel de Memphis (sud), où Martin Luther King était venu soutenir des éboueurs en grève. Ce dernier est mort en prison en 1998.

Dans un communiqué, les autorités déclarent que les documents publiés n'avaient "jamais été numérisés et qu'ils avaient pris la poussière dans les locaux du gouvernement fédéral pendant des décennies".

Alixan Lavorel avec AFP