Charlottesville: dans une lettre ouverte, un père renie son fils suprémaciste blanc

Des manifestants anti-racistes abrités derrière une barrière pour soigner leurs blessés, le 12 août 2017 à Charlottesville aux Etats-Unis. - Chip Somodevilla - Getty Images North America - AFP
"Je souhaite, avec tous ses frères, ses soeurs et sa famille, rejeter haut et fort les actions et la rhétorique viles, haineuses et racistes de mon fils." Dans une lettre ouverte sur le site d’informations locales Inforum, Pearce Tefft, le père d’un militant présent au rassemblement de néo-nazis et suprémacistes blancs de Charlottesville, a expliqué qu'il renierait son fils tant que celui-ci n’aurait pas renoncé à son idéologie.
"Peter Tefft, mon fils, n’est plus le bienvenu à nos repas de famille", annonce-t-il, précisant qu’il "prie pour que (son) fils prodigue renonce à ses croyances emplies de haine et rentre à la maison".
"J'ai partagé ma maison et mon foyer avec des amis et connaissances de toutes les ethnies, tous les genres et tous les principes. J’ai élevé dans l'idée que tous les hommes et toutes les femmes naissent égaux, que nous devons nous aimer malgré tout. De toute évidence, Peter a décidé de désapprendre ces leçons", regrette Pearce Tefft.
Identifié par le compte Twitter "Yes, You’re racist", par ailleurs critiqué pour avoir faussement dénoncé certaines personnes, Peter Tefft a notamment défendu sur les réseaux sociaux James Fields, l'Américain accusé d’avoir volontairement foncé dans une foule et tué Heather Heyer, une jeune femme de 32 ans qui manifestait contre les militants racistes.
"C'est le silence qui a laissé les nazis prospérer"
Le militant d’extrême droite a déclaré à CNN que la réaction de son père était "la chose la plus sûre qu'ils pouvaient faire étant donné le contexte politique". Il a par ailleurs nié les appellations de "raciste" et "nazi" mais accepté celle de "fasciste".
"Nous avons gardé le silence jusqu’à maintenant, mais désormais nous voyons que c'était une erreur", regrette son père. "C'est le silence de gens biens qui a laissé les nazis prospérer la première fois, et c’'est le silence de gens biens qui les laisse prospérer aujourd'hui."
Pearce Tefft achève sa lettre avec une anecdote glaçante. "Une fois, il a dit en plaisantant: 'Le truc avec nous les fascistes, c’est que nous ne croyons pas en la liberté de parole. Vous pouvez dire ce que vous voulez, on vous jettera dans un four.' Peter, tu devras aussi jeter nos corps dans un four. S’il te plaît mon fils, renonce à la haine, accepte et aime tout le monde."