Au Mexique, des milliers de manifestants dans les rues contre Donald Trump

Face à Donald Trump, ils réclament plus de "fermeté". Dimanche, des dizaines de milliers de Mexicains sont descendus dans les rues du pays pour protester contre le président américain et son projet de faire construire un mur à la frontière, censé freiner l'immigration illégale.
"Le Mexique, on le respecte, M. Trump", pouvait-on lire sur une immense pancarte en tête de cortège à Mexico, où 20.000 personnes ont défilé, selon le gouvernement local. Agitant des drapeaux mexicains, vêtus pour certains de blanc, les manifestants ont envahi la principale avenue de la capitale mexicaine à l'appel d'organisations civiles, d'entreprises et d'universités. A Guadalajara, deuxième ville du pays, quelque 10.000 personnes ont manifesté, en majorité des étudiants. Les défilés ont été plus modestes dans le reste du Mexique.
Une crise diplomatique violente entre les deux pays
Une partie des manifestants ont d'ailleurs ciblé le président mexicain dimanche, l'appelant à se montrer plus ferme face à son homologue américain. "Peña Nieto, respecte-moi avec courage face à Trump", disait ainsi une pancarte du cortège à Mexico.
Montée en puissance pendant la campagne du candidat républicain, qui avait traité certains Mexicains de "criminels", de "violeurs" ou de "bad hombres" ("mauvais hommes") et accusé d'autres de voler les emplois des Américains, la crise diplomatique entre Mexico et Washington a éclaté au grand jour peu après la prise de fonction de Donald Trump, le 20 janvier. Son décret en vue de faire construire un mur à la frontière, censé freiner l'immigration illégale, et son intention de le faire financer par le Mexique ont poussé Enrique Peña Nieto à annuler sa visite à Washington prévue pour le 31 janvier.
Le président républicain veut également renégocier, voire abroger, l'Accord nord-américain de libre-échange (Aléna), trop favorable selon lui aux intérêts mexicains. Depuis, les deux hommes se sont parlé au téléphone et ont convenu que leurs équipes se réuniraient pour sortir de l'impasse. Le chef de la diplomatie mexicaine, Luis Videgaray, s'est d'ailleurs rendu à Washington mercredi, se félicitant ensuite d'une "bonne première réunion (...) cordiale (...) respectueuse et (...) constructive" avec le nouveau secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson.
Mais dans le pays, la colère persiste et ces dernières semaines, les appels à boycotter les produits américains comme Starbucks, McDonalds et Coca-Cola et à manifester son patriotisme, par exemple en mettant le drapeau mexicain comme photo de profil sur Internet, se sont multipliés. La volonté affichée par l'administration Trump d'accélérer l'expulsion des immigrants illégaux inquiète aussi le gouvernement mexicain, qui a invité ses ressortissants vivant aux Etats-Unis à "prendre des précautions".