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Ambiance funèbre avant le référendum au kirghizistan

Dans un bureau de vote préparé pour le référendum de dimanche, un garde kirghize surveille la rue, dans la ville d'Och. Les autorités espèrent que le vote permettra de conforter leur pouvoir après le renversement du président Kourmanbek Bakiev en avril et

Dans un bureau de vote préparé pour le référendum de dimanche, un garde kirghize surveille la rue, dans la ville d'Och. Les autorités espèrent que le vote permettra de conforter leur pouvoir après le renversement du président Kourmanbek Bakiev en avril et - -

par Maria Golovnina OCH, Kirghizistan (Reuters) - A la veille d'un référendum constitutionnel décisif, les autorités du Kirghizistan ont lancé...

par Maria Golovnina

OCH, Kirghizistan (Reuters) - A la veille d'un référendum constitutionnel décisif, les autorités du Kirghizistan ont lancé samedi les premières investigations sur les violences ethniques qui ont fait 275 morts dans le sud du pays.

Les services de médecine légale ont procédé à l'exhumation des premiers corps dans la ville d'Och, point de départ des troubles entre Kirghizes et Ouzbeks de souche qui se sont propagés ensuite à toute la région frontalière de l'Ouzbékistan.

Le premier vice-ministre de l'Intérieur, Baktibek Alimbekov, a expliqué que ces exhumations étaient destinées à identifier les cadavres et à se faire une idée plus précise du nombre de morts.

Si le bilan officiel reste inférieur à 300 tués, la présidente par intérim Roza Otounbaïeva a répété à plusieurs reprises que ce nombre est d'au moins 2.000, les violences s'étant propagées à la ville de Djalalabad et à d'autres localités.

"Actuellement, notre équipe conduit ces opérations. C'est dans l'intérêt des victimes (d'être identifiées), et je ne pense pas que cela va provoquer de mécontentement", a dit Alimbekov lors d'une conférence de presse à Och.

Un observateur étranger, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, a précisé à Reuters avoir vu au moins cinq cadavres exhumés du cimetière d'Och.

Plusieurs habitants d'un quartier de la périphérie ont exprimé leur désapprobation lorsque les soldats se sont présentés samedi matin et qu'ils ont commencé à ouvrir des sépultures sans prendre les précautions nécessaires.

"Les soldats sont venus et ils les ont déterrés. Ils les ont emportés, ceux qui n'avaient pas été identifiés", a raconté un habitant. "Les gens de chez nous ne voulaient pas faire ça, pas sans une commission officielle", a-t-il ajouté.

L'homme a précisé que seuls des Ouzbeks de souche étaient enterrés là, précisant que certains corps se résumaient à des tas d'os calcinés.

JALOUX

C'est dans ce contexte que les électeurs sont appelés aux urnes dimanche afin d'approuver le plan du gouvernement intérimaire de réforme des institutions visant à renforcer les pouvoirs du Parlement.

Otounbaïeva, qui a refusé les appels en faveur d'un report du scrutin, devrait voter à Och, deuxième ville du pays, considérée comme la capitale régionale du Sud.

Ce référendum vise à faire du Kirghizistan la première démocratie parlementaire d'Asie centrale après la destitution du président Kourmanbek Bakiev, chassé par la rue en avril.

Mais les violences ethniques ont provoqué une profonde méfiance parmi les populations d'origine ouzbèke sur la capacité des nouvelles autorités à assurer la sécurité et la stabilité du pays.

Juste à l'écart du centre de la ville, une école dans le plus pur style architectural soviétique se prépare pour les opérations de vote. Un groupe d'officiels électoraux vérifient les urnes.

"L'armée a promis de nous protéger mais nous avons dit aux responsables électoraux qui ont peur, de rester chez eux", a expliqué la présidente du bureau de vote, Anoura Echmatova.

"Pour les habitants d'origine ouzbèke, il leur appartiendra de décider s'ils veulent ou non voter. Personne ne les force à voter. Och est aujourd'hui plongé dans l'anarchie et le chaos. Il faut mettre fin à tout cela et c'est la raison pour laquelle nous avons besoin de ce référendum", a-t-elle dit.

La tâche s'annonce toutefois très compliquée comme le rappelle Dilchat, un électricien de 30 ans qui arrondit ses fins de mois en tenant un bureau de change.

"Personne ne va aller voter. Il n'y a plus aucune confiance dans le gouvernement", affirme-t-il. "Les Kirghizes nous ont tiré dessus. Ils sont simplement jaloux de notre réussite et de notre richesse. Ils veulent nous chasser du pays."

Pierre Sérisier pour le service français