Allemagne: début du procès de "l'infirmier du diable", suspecté de plus de 100 meurtres

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L'Allemagne juge à compter de ce mardi l'un des pires tueurs en série de son histoire récente. L'ancien infirmier Niels Högel est accusé d'avoir tué au moins cent de ses patients entre 2000 et 2005 sans que ni la direction des hôpitaux où il travaillait, à Oldenbourg puis Delmenhorst, ni les autorités ne s'aperçoivent de rien.
Des faits qu'il a reconnus dès l'ouverture du procès ce mardi matin. Entrant dans la salle d'audience, l'"ange de la mort", comme on appelle les tueurs en blouse blanche, a caché son visage barbu des photographes derrière un dossier bleu. En fin de matinée, la cour lui a demandé si les accusations le visant étaient justes. "Oui", s'est-il contenté de répondre.
Par ennui
Durant cinq ans, cet homme, aujourd'hui âgé de 46 ans, a injecté à des dizaines de patients, âgés de 34 à 96 ans et choisis au hasard, un cocktail de médicaments pour provoquer un arrêt cardiaque. Avant de tenter de les ranimer, souvent sans succès. Selon l'accusation parce qu'il souhaitait faire montre à ses supérieurs de ses talents de réanimateur. Mais aussi parce qu'il s'"ennuyait", tout simplement.
Son parcours criminel s'arrête brutalement en 2005 quand il est surpris en train d'injecter un produit non prescrit à un patient. Il est alors condamné à sept ans de prison pour tentative de meurtre. Mais des proches de patients, décédés dans son service, demandent que l'enquête soit élargie.
Il est reconnu coupable de meurtres et tentatives de meurtres sur cinq autres autres personnes et condamné à la prison à vie avec une peine de sûreté de 15 ans. Il avouera ensuite à son psychiatre 30 meurtres de plus. Les enquêteurs finiront par étendre leurs recherches à l'hôpital d'Oldenbourg et procéderont à plus de 134 exhumations.
Plus de 200 victimes?
Et l'histoire pourrait bien ne pas s'arrêter là. Si le procès qui s'ouvre ce mardi ne porte que sur cent meurtres présumés, on en soupçonne bien plus et les enquêteurs évaluent plutôt le nombre de ses victimes à 200. Niels Högel est décrit par les psychiatres comme une personnalité narcissique, souffrant d'une peur panique de la mort.
A affaire hors norme, procès hors norme: les audiences devraient durer jusqu'en mai. "C'est comme une maison dont les pièces sont plongées dans le noir. Nous voulons faire la lumière dans le noir", a déclaré le juge à l'ouverture des débats.
L'affaire soulève aussi la question de la responsabilité des hôpitaux qui n'ont pas su l'arrêter, malgré la fréquence des réanimations et des décès quand Niels Högel travaillait aux soins intensifs.