Algérie: qui est Abdelkader Bensalah, possible remplaçant d'Abdelaziz Bouteflika?

- - PATRICK KOVARIK / AFP
Tous les regards se tournent vers lui ce mardi, alors que le président algérien Abdelaziz Bouteflika, cible d'une contestation inédite depuis un mois, a informé le Conseil constitutionnel de sa démission "à compter d'aujourd'hui", mardi, ont annoncé les médias officiels, citant la présidence de la République.
Abdelaziz Bouteflika, très affaibli depuis un AVC en 2013 mais qui en février entendait encore briguer un cinquième mandat, "a avisé officiellement le Conseil constitutionnel de la fin de son mandat de président de la République" à partir "d'aujourd'hui", mardi, a indiqué en soirée un bandeau déroulant sur la télévision nationale. L'agence de presse officielle APS a indiqué de son côté que le président de la République avait "notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de mettre fin à son mandat".
L'enfant chéri du régime
Selon la Constitution, c'est le président du Conseil de la Nation (chambre haute), Abdelkader Bensalah, 77 ans, qui assurera l'intérim durant une période maximale de 90 jours au cours de laquelle une présidentielle doit être organisée.
Abdelkader Bensalah est un enfant chéri du régime, un "cacique" comme le grand quotidien El Watan le formule ce mardi sur son site. Il faut dire que l'homme est président du Conseil de la nation depuis 2002 et, en principe, doit le demeurer jusqu'en 2021. Et ce n'est pas franchement la seule prébende que l'Etat lui ait réservée. Dans les années 90, il fut président du Conseil national de transition, puis président de l'Assemblée nationale populaire de 1997 à 2002.
Le site du journal francophone se souvient aussi que les manifestants actuels pourraient nourrir un grief plus vif à l'égard d'Abdelkader Bensalah: il a été très récemment un chaud soutien du cinquième mandat bouteflikien.
La rumeur marocaine
Mais une controverse plus inattendue, pour un regard peu familier à la scène publique algérienne, se lève déjà. Dimanche, abordant une pareille éventualité sur le plateau de la chaîne de télévision privée Echorouk, le député du Front de la justice et du développement, parti promoteur d'un islam politique et situé dans l'opposition, Lakhdar Benkhellaf, a lancé:
"La condition pour qu’un responsable occupe le poste de président de la République, est qu’il faut qu’il possède la nationalité algérienne d’origine. Et lui (Abdelkader Bensalah) avait une autre nationalité jusqu’en 1964 année durant laquelle il avait obtenu la nationalité algérienne. Il avait la nationalité marocaine, ce qui pose un problème".
Ce bruit, d'une naissance sous bannière marocaine d'Abdelkader Bensalah puis de sa naturalisation au cours des premières années de l'indépendance, court depuis plusieurs années dans les médias algériens, comme l'atteste cet article du Figaro daté de 2013. Abdelkader s'est toujours récrié devant cette rumeur, affirmant être né dans l'ouest algérien et y avoir ses racines familiales. "Cherchez mes origines et mes racines et vous les trouverez dans les profondeurs du Djebel Fellaoucène, à Tlemcen, là ou sont nés mes parents et mes ancêtres, là où je suis né aussi, là où ils ont grandi, vécu et décédé", avait-il posé, solennel, en 2013.