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Algérie : « Ça tirait de partout, c’était horrible », raconte un ex-otage

Alexandre Berceaux, ex-otage sur le site gazier d'In Amenas en Algérie

Alexandre Berceaux, ex-otage sur le site gazier d'In Amenas en Algérie - -

En Algérie, le bilan de l’attaque du complexe gazier d’In Amenas reste encore très vague alors que les premiers otages libérés sont de retour chez eux. « Tout le monde était en danger, ça tirait de partout », raconte après son retour en France Alexandre Berceaux resté caché 40 heures sous son lit.

Le décompte des morts n’en finit pas. Dimanche, 25 nouveaux cadavres ont été découverts sur le site d’In Amenas par l’armée algérienne d’après la télévision privée algérienne Ennahar. Cette découverte porterait le nombre d’otages décédés sur le complexe gazier à 48, mais le bilan peut encore s'alourdir, les forces algériennes n'ayant pas achevé d'examiner les lieux. Par ailleurs, 6 assaillants ont été arrêtés et 3 autres ont pris la fuite selon une source proche de la sécurité algérienne. Jusqu’ici le bilan officiel ne fait état que de 23 otages décédés (dont un algérien) et de 32 assaillants tués par l'armée. Alger annonce que ces chiffres pourraient être revus à la hausse sans donner plus de détails attendant la conférence de presse ce lundi du Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, au cours de laquelle il devrait donner un premier bilan officiel.
Outre ce premier bilan officiel, les premiers témoignages des ex-otages de retour chez eux étaient très attendus. Parmi ces témoignages, celui d’Alexandre Berceaux. Ce Français de 32 ans est employé par une entreprise de restauration sur place. Il n'a pas été aux mains des otages, mais est resté caché pendant 40 heures sous son lit. Il a été libéré jeudi par l'armée algérienne et est arrivé samedi soir à Roissy.

« Tout est difficile, de se cacher, d’entendre. Tout. »

Pour ce Français, le retour en France est très compliqué. « De revenir-là, c’est difficile », a-t-il expliqué dimanche, défait, les yeux dans le vide, la tête basse, et parfois agressif face aux journalistes lors d’une conférence de presse à Pagny-sur-Moselle en Meurthe-et-Moselle, le village de ses parents. Fatigué, traumatisé, avec des ses mots, il a raconté comme il le pouvait son calvaire. « Les alarmes se sont mises à retentir et ça a démarré. Tout est difficile, de se cacher, d’entendre les bruits. Tout ». Pendant des dizaines d’heures, il est resté allongé sous son lit en attendant que la situation se calme. « Tout le monde était en danger, ça tirait de partout, ça peut tomber n’importe où. C’était horrible. Si j’étais sorti plus tôt j’en aurai peut-être pris une dans la tête. Ils n’étaient pas loin. A quelques mètres. J’ai entendu des tirs à côté ». Si la journée était très agitée, se souvient Alexandre Berceaux, à la nuit tombé les tirs et les cris perdaient en intensité. « La nuit était plus calme, il y avait moins de tirs, mais c’était très long. Il y a des hauts et des bas, à certains moments on se dit que ça va aller. A d’autre on se dit : non, ça ne va pas ».

« J’ai cru que c’était fini pour moi »

Pendant presque deux jours, Alexandre Berceaux a reçu de l’aide, à boire et à manger de la part d’Algériens qui savaient que le jeune homme se cachait. « Il y en a qui ont pris des risques énormes pour me ravitailler. J’ai eu des informations par les personnes qui sont venues me voir. Ils m’ont dit que ça partait en vrille qu’il ne fallait surtout pas que je bouge, que je devais rester-là. La nourriture qu’ils m’apportaient, je ne pouvais pas la manger, je ne savais pas combien de temps j’aurais à rester-là ». Malgré la violence qui s’abat autour de lui, malgré l’angoisse et la peur, Alexandre Berceaux a eu quelques réflexes très intelligents. « J’ai caché mon passeport et tout ce que je pouvais pour cacher mon identité ». Pourtant, jusqu’au bout, il a cru perdre la vie. « Quand ils sont venus me chercher, se souvient-il devant la presse, j’’étais prêt à rester sous mon lit encore longtemps. J’ai cru que c’était fini pour moi ».

L'otage français tué lors de l'intervention algérienne|||

Parmi les autres Français sur place, Yann Desjeux, lui, a péri dans l'opération. Il s'agit d'un ancien militaire des forces spéciales et gérant de restaurant dans le sud-ouest de la France (Anglet). En plus d'Alexandre Berceaux, deux autres Français, présents sur le site, ont eu la vie sauve.

Tugdual de Dieuleveult avec T. Chupin