"Dieu est lesbienne": une militante féministe arrêtée au Maroc pour "atteinte à la religion islamique"

Capture d’écran du tweet de Ibtissame Lachgar publié sur X le 31 juillet 2025 qui lui vaut d’être incarcérée et poursuivie en justice. - IBTISSAMEBETTY - X
Le procès pour "atteinte à l'islam" de la militante féministe marocaine Ibtissame Lachgar s'est ouvert ce mercredi 13 août, moins de 24 heures après son placement en détention, mais a aussitôt été reporté au 27 août à la demande de la défense, a annoncé son avocate à l'AFP.
Psychologue clinicienne, Ibtissame "Betty" Lachgar, militante de 50 ans connue pour son engagement en faveur des libertés individuelles, a publié fin juillet une photo d'elle vêtue d'un t-shirt où apparaissait le mot "Allah" ("Dieu") suivi de la phrase "is lesbian" ("est lesbienne").
L'image était accompagnée d'un texte qualifiant l'islam, "comme toute idéologie religieuse", de "fasciste, phallocrate et misogyne", une publication qui a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, allant des appels à son arrestation à des menaces de viol et de lapidation.
Une "survivante d'un cancer
Placée en garde à vue dimanche, Ibtissame Lachgar a été mise en détention mardi pour atteinte à la religion islamique en attente de son procès. Son avocate, Naïma Elguellaf, a expliqué avoir demandé le report pour préparer la défense ainsi qu'une remise en liberté provisoire de sa cliente.
Me Elguellaf a fait valoir des problèmes de santé de Ibtissame Lachgar, décrite par une proche comme une "survivante d'un cancer nécessitant un traitement". Selon cette amie, présente à l'audience, l'avocate a également invoqué l'absence de "menace directe pour la sécurité d'autrui" ainsi que pour celle de la prévenue en cas de remise en liberté provisoire.
Toutefois, cette requête a été rejetée par la cour, a indiqué à l'AFP la famille de la militante citant la défense. L'article 267-5 du Code pénal marocain, en vertu duquel la militante est poursuivie, punit de six mois à deux ans de prison ferme "quiconque porte atteinte à la religion musulmane".
La peine est susceptible d'être portée à cinq ans d'emprisonnement si l'infraction est commise en public, "y compris par voie électronique". Par le passé, le militantisme d'Ibtissame Lachgar lui a valu plusieurs démêlés avec les autorités, notamment en 2016 et 2018, mais sans jamais donner lieu à des poursuites.