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Libye

A Vienne, la communauté internationale au chevet de la Libye

Des membres de la brigade Fajr Libya, à Sabratha, à l'ouest de Tripoli, le 28 février 2016.

Des membres de la brigade Fajr Libya, à Sabratha, à l'ouest de Tripoli, le 28 février 2016. - Mahmud Turkia - AFP

Un sommet international consacré à la Libye se tient aujourd'hui à Vienne, en Autriche. Coprésidée par John Kerry et son homologue italien Paolo Gentiloni, la réunion vise à apporter un soutien au gouvernement d'union nationale et à apporter des réponses sécuritaires, à l'heure où la menace jihadiste plane sur la Libye.

Les Occidentaux au chevet de la Libye. Des ministres des Affaires étrangères européens, des Etats-Unis et des pays voisins de la Libye se réunissent ce lundi à Vienne pour discuter du chaos qui règne dans ce pays miné par les divisions politiques et la menace jihadiste. Le sommet, présidé par le chef de la diplomatie italienne Paolo Gentiloni et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, rassemble "les principaux acteurs" régionaux et internationaux dans le but de soutenir "le processus de stabilisation" en Libye.

Daesh étend son contôle

Cette réunion se déroule à un moment crucial: d'une part les jihadistes de Daesh ont récemment étendu leur influence à l'ouest de la ville libyenne de Syrte qu'ils contrôlent depuis juin 2015. D'autre part, le gouvernement d'union nationale parrainé par l'ONU peine à asseoir son autorité, plus d'un mois et demi après avoir pris ses fonctions à Tripoli.

Les combattants de Daesh se sont emparés la semaine dernière de la localité d'Abou Grein, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Syrte, après une série d'attaques contre les forces militaires du gouvernement d'union. C'est la première fois que le groupe extrémiste réussit à étendre son contrôle à l'ouest de cette ville. Dissensions politiques et vide sécuritaire ont facilité depuis 2014 l'implantation de Daesh en Libye, constituant une menace directe pour ses voisins et l'Europe. 

Daesh compte 3.000 à 5.000 combattants en Libye et tenterait d'y attirer des centaines de recrues étrangères, selon des sources françaises et américaines.

Unifier les rangs

La guerre contre les jihadistes est au centre d'une autre bataille, entre les forces du gouvernement d'union et celles du gouvernement parallèle basées dans l'Est du pays, et dirigées par le controversé général Khalifa Haftar. Les deux autorités rivales accélèrent les préparatifs pour déclencher en premier l'offensive visant à chasser Daesh de Syrte, au risque d'éloigner la perspective d'une réconciliation et d'une victoire contre les jihadistes.

"La course" à la libération de Syrte est "une erreur (...) et nous ne pouvons plus accepter cette division", a affirmé le président de la commission Défense du Sénat italien, Nicola Latorre. Selon lui, la réunion de Vienne sera l'occasion d'unifier les rangs sur la stratégie à suivre en Libye, voire de poser les bases d'une action commune. "Une opération militaire pour libérer Syrte requiert une plus grande coordination des forces de sécurité pour des raisons à la fois tactiques et politiques", estime pour sa part Claudia Gazzini, analyste à l'International Crisis Group.

Défis politiques

Les participants tenteront par ailleurs d'apporter un soutien supplémentaire au nouvel exécutif libyen dirigé par Fayez al-Sarraj au moment où ce dernier fait face à de nombreuses difficultés, dont celle d'imposer son autorité dans un pays rongé par les divisions. Depuis son arrivée à Tripoli fin mars, le gouvernement Sarraj a toutefois réussi à étendre son pouvoir dans la capitale et à rallier à sa cause les milices armées de l'ouest du pays. Il espère encore gagner l'adhésion du gouvernement parallèle installé dans l'Est qui refuse de céder le pouvoir avant un vote de confiance du Parlement, maintes fois reporté.

La communauté internationale mise sur un gouvernement d'union plus fort, seul à même de lutter contre la menace jihadiste et d'endiguer le flux migratoire depuis la Libye, à 300 kilomètres seulement des côtes italiennes.

A.S. avec AFP