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L’Algérie

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Le secrétaire d’Etat à la Francophonie et à la coopération préfère parler de relations futures que du passé et de repentance avec l’ancienne colonie française.

J-J B : Vous partez pour l’Algérie avec Nicolas Sarkozy. Oui ou non la France doit-elle faire preuve de repentance vis-à-vis de l’Algérie sur ce qui s’est passé en 1830 et 1962 ?
J M B : Bien sûr que non, il faut arrêter avec ça. Je crois le président de la République a la bonne attitude, consistant, comme il l’avait fait à Dakar, à dire tout ce qu’il y a pu avoir de négatif dans la colonisation que ce soit avec l’Algérie ou le reste de l’Afrique. C’est à la fois une condamnation claire de tout ce que la colonisation a pu avoir de négatif et en même temps c’est l’histoire. C’est une histoire partagée. Il faut prendre sa part de cette histoire.

J-J B : Mais en quoi c’est gênant de faire acte de repentance ? L’Allemagne par exemple l’a fait…
J M B : Mais ça c’est une autre question. Le précédent président a fait également ce qu’il fallait par rapport à Vichy, c’est une autre question. Mais s’il faut dire par là que tout ce qui s’est passé depuis 1830 relève de crimes, bien sûr que non. Je crois que le président de la République, chaque fois qu’il s’est exprimé la dessus, a dit clairement qu’il fallait condamner ce qu’il fallait considérer comme extrêmement négatif. Ça a été fait. Ensuite, vouloir considérer comme négatif, ou mettre à notre débit tout ce qui s’est fait pendant cette période, non. Il faut faire la part des choses tout simplement.

J-J B : C’est de l’histoire ancienne pour vous ?

J M B : Non ce n’est pas de l’histoire ancienne, c’est une histoire partagée. Mon père a fait partie de l’armée d’Afrique, débarquée à Saint-Tropez en août 1944. Il était avec des soldats qui étaient tous ou pieds-noirs ou noirs africains et ils ont libéré la France. C’est une histoire partagée, récente, remplie de choses qui nous lient.

J-J B : Alors pourquoi ces relations encore difficiles avec l’Algérie ?
J M B : Parce que d’abord l’histoire est récente. Ensuite parce qu’il y a quand même eu cette période de guerre d’indépendance, il y a eu la tragédie des pieds-noirs. C’est une histoire qui est aussi faite de tragédies, de déchirures, de moments extrêmement durs. Il y a également eu le drame des harkis.

J-J B : Toujours pas de traité d’amitié entre la France et l’Algérie ?
J M B : De deux choses l’une : ou bien l’Algérie demande un traité d’amitié et on peut discuter, ou elle considère que ce n’est pas une bonne idée et à ce moment-là on peut faire des choses ensemble sans signer un traité. Ce qui compte c’est la réalité de l’Amitié. Aujourd’hui la visite de Nicolas Sarkozy accompagné de responsables politiques, d’élus, de chefs d’entreprise, ça va être la réalité de cette amitié.

J-J B : Aujourd’hui on passe à autre chose si j’ai bien compris ?
J M B : Ça fait un certain temps déjà, mais je pense qu’aujourd’hui on le fait de manière claire, décomplexée, respectueuse. Je pense que ce qui compte aujourd’hui dans cette nouvelle relation, c’est un état d’esprit qui ne nie pas l’histoire mais qui regarde vers l’avenir.

J-J B : Ce qui compte aujourd’hui c’est que l’Algérie est riche, qu’elle produit beaucoup de pétrole et de gaz surtout, et qu’on a besoin de ce gaz ?

J M B : Nous avons besoin d’eux, ils ont besoin de nous.

La rédaction-Bourdin & Co