L'Egypte aux portes d'une nouvelle révolution ?

Les chars de l'armée se sont positionnés tôt, jeudi matin, pour protéger le palais présidentiel. - -
Un sentiment de déjà vu, dans les rues du Caire, où l'armée a été déployée dans le quartier d'Heliopolis, où se trouve le palais présidentiel. Chars, périmètre de sécurité, barbelés : tout est fait pour assurer la sécurité du président contesté, Mohamed Morsi, alors que la date du référendum sur son projet de Constitution, qui menace les libertés fondamentales des Egyptiens, se rapproche.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, de violents heurts ont éclaté entre partisans et adversaires du président, faisant sept morts et près de 650 blessés, selon un nouveau bilan.
Allocution télévisée
Le président Morsi doit s'adresser à la nation lors d'une intervention télévisée, jeudi, en fin de journée. Au cours de cette intervention, il devrait tendre la main à l'opposition et appeler au dialogue, a précisé son conseiller, sans indiquer si le président s'apprête à faire de nouvelles propositions
Jeudi après-midi, l'armée a mis en place des barricades de barbelés à environ 150 mètres du palais présidentiel, après avoir ordonné aux manifestants rivaux de quitter les lieux.
Évacuation des abords du palais présidentiel
Les partisans du président sont partis mais quelques centaines de militants de l'opposition se sont rassemblés sur une place à environ 300 mètres du palais, scandant "le peuple veut la chute du régime", comme durant la révolte contre Hosni Moubarak l'an dernier.
Un peu plus tôt, la garde républicaine, une unité de l'armée chargée de protéger la présidence, avait sommé les manifestants de quitter "les abords du palais d'ici 15H00 (13H00 GMT) et décidé d'interdire les rassemblements aux alentours" du complexe au Caire, selon un communiqué publié par la présidence.
Sept morts
Les heurts ont duré toute la nuit et sept manifestants, selon un nouveau bilan, ont été tués et des centaines blessés. Il s'agit des pires violences depuis l'élection, en juin, du premier président islamiste d'Egypte. Durant la nuit, des batailles à coups de bâtons, de cocktails molotov et de jets de pierres ont opposé les deux camp rivaux, et des coups de feu ont été entendus.
Aux premières heures du matin, des chars et véhicules blindés avaient pris position près de l'entrée du complexe présidentiel et sur une grande avenue qui le longe, dans le quartier d'Héliopolis.
Le général Mohammed Zaki, chef de la garde républicaine, a néanmoins souligné que l'armée ne recourrait pas à la force contre les manifestants.
Pouvoir contesté
L'Egypte traverse une grave crise depuis un décret du 22 novembre par lequel Mohamed Morsi a étendu ses prérogatives et les a placées au dessus de tout contrôle judiciaire, une situation qui s'apparente à des pleins pouvoirs de fait.
L'opposition, qui dénonce une dérive autoritaire du pouvoir, proteste aussi contre la tenue, le 15 décembre, d'un référendum sur un projet de Constitution, accusé d'offrir peu de garanties pour les libertés d'expression et de religion et d'ouvrir la voie à une application plus étendue de la loi islamique.
Mohamed Morsi affirme que ses pouvoirs élargis sont "temporaires" et destinés à accélérer une transition tumultueuse. Pour sortir de la crise, l'institution égyptienne d'Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam sunnite, a demandé au président de suspendre le décret.