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Combats contre les rebelles du M23 en RDC: 13 soldats étrangers tués, Goma menacée

Des soldats uruguayens membres de la Mission de stabilisation de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUSCO) et un soldat des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) au nord-ouest de Goma, le 23 janvier 2025.

Des soldats uruguayens membres de la Mission de stabilisation de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUSCO) et un soldat des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) au nord-ouest de Goma, le 23 janvier 2025. - Michael Lunanga / AFP

Les combats entre l'armée congolaise, soutenue par deux forces régionale et onusienne, et le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda et qui a avancé ces derniers jours, se sont intensifiés dans l'est de la République démocratique du Congo.

L'Union africaine (UA) a appelé ce samedi 25 janvier à une "cessation" des hostilités dans l'est de la République démocratique du Congo où les combats entre l'armée du pays et le groupe antigouvernemental du M23 font rage. Treize soldats étrangers - sud-africains, malawites et uruguayen déployés au sein de deux forces régionale et onusienne d'appui à l'armée congolaise - ont été tués selon les autorités des trois pays.

Le M23 ("Mouvement du 23 mars") et 3.000 à 4.000 soldats rwandais, selon l'ONU, ont rapidement gagné du terrain ces dernières semaines.Ils encerclent désormais presque complètement la capitale de la province du Nord-Kivu, Goma, qui compte un million d'habitants et au moins autant de déplacés.

"Les forces armées sud-africaines (SANDF) ont perdu neuf membres le vendredi 24 janvier 2025, après deux jours de combats acharnés", a indiqué l'armée sud-africaine dans un communiqué, ajoutant que le nombre de blessés est "encore en cours de confirmation".

Sept d'entre eux faisaient partie de la force régionale déployée par la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), et deux de la Monusco, la force de l'ONU également envoyée pour soutenir l'armée congolaise, a-t-elle précisé.

Après ces deux jours de combat, "le contingent sud-africain et ses homologues ont réussi à stopper l'avancée du groupe rebelle vers Goma", affirme l'armée sud-africaine dans son communiqué.

"Une détérioration de la situation sécuritaire"

Trois soldats malawites de la force de la SADC ont également été tués "dans l'exercice de leur mission lors d'une rencontre avec le groupe rebelle M23 opérant dans l'est de la RDC", a de son côté indiqué à l'AFP un porte-parole de l'armée malawite, Emmanuel Mlelemba, sans plus de détails.

À Montevideo, l'armée uruguayenne a également annoncé samedi la mort d'un de ses soldats déployé au sein de la Monusco lors de combats avec le M23, dans l'est du pays. "Ces dernières 24 heures, nous avons enregistré une détérioration de la situation sécuritaire dans la province du Nord-Kivu (...). Un soldat a malheureusement perdu la vie", a-t-elle indiqué, ajoutant que quatre soldats uruguayens ont aussi été blessés.

On ne sait pas si les soldats sud-africains, malawites et uruguayen ont été tués au cours du même incident. Les responsables de la SADC ont refusé de commenter ces décès.

La force régionale de la SADC déployée dans la région fin 2023, comprend notamment 2.900 soldats sud-africains, ainsi que des militaires du Malawi et de la Tanzanie. La Monusco compte de son côté 15.000 Casques Bleus.

Une grave crise humanitaire

L'Union européenne a exhorté ce samedi le M23 à "arrêter son avancée" et le Rwanda à "se retirer immédiatement", dans une déclaration signée par les 27 pays membres. Une réunion d'urgence du Conseil de Sécurité sur la RDC est prévue lundi. Jeudi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s'était dit "alarmé" par le regain de violences, qui pourrait aggraver "le risque d'une guerre régionale".

Les Nations unies ont commencé à évacuer leur personnel "non essentiel" de Goma vers l'Ouganda voisin et la capitale congolaise Kinshasa. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont appelé leurs ressortissants à quitter Goma au plus vite, tant que l'aéroport et les frontières sont ouverts.

Dans l'est de la République démocratique du Congo riche en ressources naturelles, les conflits s'enchaînent depuis plus de trente ans. Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont déjà été décrétés puis rompus dans la région. Le dernier cessez-le-feu avait été signé fin juillet.

Le conflit continue par ailleurs d'aggraver une crise humanitaire chronique dans la région. De nombreux civils, qui ont souvent déjà fui plusieurs fois, ont une nouvelle fois quitté leur foyer. Selon l'ONU, 400.000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier.

J.Bro avec AFP