BFMTV
Afrique

Ces Tunisiens qui veulent rejoindre la France

La plupart des Tunisiens en attente sur l'île italienne de Lampedusa espère rejoindre la France pour s'y installer.

La plupart des Tunisiens en attente sur l'île italienne de Lampedusa espère rejoindre la France pour s'y installer. - -

Malgré l'intervention de l'armée tunisienne qui tente de stopper la vague de départ du pays qui a démarré ce week-end, des centaines de Tunisiens continuent d'errer dans les rues de Lampedusa, en Italie. Objectif: trouver asile en France. Témoignages.

Sur la petite île italienne de Lampedusa, des centaines de Tunisiens continuaient à errer mardi matin dans les rues, en attente d'une prise en charge par les autorités locales, tandis que 3.000 autres attendaient toujours dans le centre d'accueil un bon de sortie vers la Sicile toute proche.
Pour une majorité, la destination sera ensuite la France, véritable eldorado pour la plupart de ces exilés.

« La France, c'est un paradis... »

Parmi eux, Samir, 27 ans, qui a quitté son pays samedi à bord d'un bateau de fortune. Pour l'heure il patiente avec un ticket de passage portant le numéro 1960, ce qui signifie qu'il sera certainement l'un des derniers à quitter l'île.
« Nous on reste corrects », explique-t-il sur RMC. « On travaille c'est tout. Et les Français qu'est-ce qu'ils nous disent ? " Allez bougnoul, retourne chez toi casser des cailloux !". Je le sais bien. Mais je veux quand même venir en France. Je reste pas ici moi. Je veux y entrer. Sur la tête de ma mère, tout le monde ici pense que la France, c'est un paradis, c'est tout ».

« 36 heures de voyage, entre la vie et la mort… »

Karim, ancien chauffeur routier dans la région de Tunis, est lui aussi arrivé par la mer à Lampedusa. « On a fait un voyage entre la vie et la mort. Le mien, il a duré 36 heures. Un voyage comme ça, j'ai payé l'équivalent de 1.000 euros. Il y a des gens qui y ont laissé leur vie, j'en connais. Mais il y en a qui vont encore essayer de venir. Pour un avenir meilleur ».

Ce possible afflux d’immigrés tunisiens inquiète une partie de la classe politique française, jusqu’à la gauche. L’ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, craint ainsi que l’on soit « au début d’un gigantesque processus de démocratisation qui peut avoir des conséquences embarrassantes à gérer ».

« On ne peut pas accueillir toute la misère du monde »

A droite, le député UMP des Bouches-du-Rhône, Eric Diard, estime pour sa part que la France ne peut pas accepter ce flux en provenance de Tunisie : « Ces personnes ont fait une révolution, et c’est étonnant qu’au moment où ils réussissent la révolution, ils quittent ce pays. Comme le disait Michel Rocard, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Ils ne risquent rien s’ils sont ramenés en Tunisie. A ce moment-là, les personnes qui ne sont pas contentes du régime de Bouteflika vont se dire "pourquoi pas venir en France ?" »